Portraits

Impéria Hôtel, de petit à grand joueur de l’industrie

le lundi 11 février 2019
Modifié à 10 h 49 min le 11 février 2019
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Après Saint-Eustache et Terrebonne, Impéria Hôtel fait un premier pas sur la Rive-Sud et s’installe à Boucherville. Son président Jean-François Caron rêve de faire de son entreprise une chaîne d’hôtels d’affaires et de conquérir le Québec, une étape à la fois. Q Pourquoi avoir ciblé la Rive-Sud et Boucherville pour ce troisième établissement? R C’est exactement dans notre plan d’affaires d’être avant tout des hôtels d’affaires. C’est notre modèle. On s’installe en bordure d’autoroutes, dans des secteurs industriels, avec un produit de très bonne qualité. Dans mon étude de marché, Boucherville était la première ville qui ressortait. Les banlieues sont en forte croissance et beaucoup d’entreprises émergent, qui ont besoin de services hôteliers de qualité. Sans dénigrer les autres, les franchises américaines avec des couvre-lits fleuris, on est ailleurs! On offre des produits qui sont aussi beaux et compétitifs que les grandes chaines, mais c’est québécois. Comme je me plais à dire, on est les plus petits hôtels parmi les grands! Avoir une bannière purement québécoise, c’est mon rêve. On a un plan d’affaires assez ambitieux. Q Quelles sont vos attentes pour cette première année d’opération à Boucherville? R On devrait atteindre le taux d’occupation qu’on veut, qui est habituellement de 65%. On pense l’atteindre très rapidement. On connait le marché et on sait ce que notre produit est «capable de tirer». Q Comment se démarque Impéria? R Dans nos trois hôtels, c’est une priorité d’avoir des chambres technologiques. On a les meilleures télés smarts qui existent, et on est capable d’avoir la technologie room cast. Vous pouvez écouter toutes les séries de toutes les applis de votre téléphone sur la télé. On a une bande passante très puissante et exclusive. On voulait être à la fine pointe de la technologie. Dans nos salles de conférence, il n’y a plus aucun fil. Tu arrives avec ton cellulaire et ta présentation Power Point. Avec un code sur l’écran, tu as accès directement à l’ordinateur. Les salles sont équipées de Mondopad; c’est comme un gros iPad de 75 pouces sur lequel tu peux mettre ta présentation, écrire avec tes doigts, etc. Puis, on a un restaurant qui rehausse la qualité de notre hôtel. Pour le diriger, je suis allé chercher un grand chef, venu d’Europea. Q Cette volonté d’avoir des hôtels hautement technologiques était-elle présente dès le départ? R Oui, mais on a fait la conversion avec la venue de l’hôtel à Boucherville. On travaille sur le projet de conversion depuis deux ans. Et avec une bande passante très forte, on peut facilement s’adapter ensuite. On est future proof! C’est une marque de commerce et on veut se positionner rapidement. Si Mariott voulait faire ça demain matin, ce serait long. On profite de notre avantage. Q Comment avez-vous su que votre bannière était prête pour l’expansion? R Impéria existe depuis douze ans. Ça m’a pris cinq ans avant d’ouvrir le deuxième hôtel, parce qu’il y avait beaucoup d’apprentissage. Notre concept, il fallait le fignoler et le perfectionner. Et après le deuxième, on a mis quatre ans pour améliorer les choses. La chaîne doit se standardiser. Je suis allé chercher des éléments de travail pour faire comme les grandes chaînes (gestionnaires de revenus, équipe de vente et de marketing, siège social). Là, on peut encore plus rêver à notre chaîne! Q Y a-t-il de la place dans le marché de l’hôtellerie au Québec? R Les joueurs québécois qui veulent une chaine se comptent sur les doigts d’une main. Sinon, ça vient des Choice Hotels qui cherchent des opérateurs. Chez nous, on ne va pas vers la franchise; on veut avoir pleinement le contrôle sur la qualité. Et on sait que ça va passer par de l’acquisition. De beaux hôtels prêts à être vendus, il y en a. Juste changer le nom et la bannière Impéria, puis amener notre philosophie de gestion. Ça fera partie de notre croissance dans environ cinq ans. Comme ça, on gagne beaucoup de temps. On lieu de penser au concept, faire l’achat de terrain et la construction – ce qui prend deux ans –, en six mois, tout est fait. Q Quelle est la prochaine étape? R Mon objectif est d’avoir un autre hôtel sur la Rive-Sud. Ensuite, on va rester proche, dans le périmètre de Montréal, près de notre siège social à Terrebonne. On veut un développement en spirale. Il faut faire les choses correctement. On a un nouveau bébé, il faut en prendre soin avant de songer à d’autres constructions.   Apprendre le métier Jean-Francois Caron a quitté les bancs d’école à 23 ans pour se lancer en affaires, dans le domaine des résidences pour aînés. Rêvant de créer une résidence pour aînés, il a lancé d’abord une compagnie de service, de placement. Il s’est par la suite associé avec Réseau Sélection pour, 10 ans plus tard, vendre ses parts. «Je voulais garder ma fibre entrepreneur», justifie-t-il. Une clause de non-concurrence l’empêchant de poursuivre dans le domaine, diverses rencontres l’ont alors dirigé vers le milieu de l’hôtellerie. «J’ai toujours rêver d’avoir un hôtel, mais je ne croyais pas que c’était possible. Et j’ai vu une opportunité.» À 33 ans, il crée Impéria avec déjà en tête d’en faire une chaîne. L’hôtel de Saint-Eustache voit le jour en 2006. Il reconnait que de se familiariser au milieu a été un défi. «Je ne viens pas de l’hôtellerie; j’ai étudié en administration. Je connais l’immobilier, la construction, les acquisitions. J’ai découvert que c’est tout un monde en soi. La learning curve a été plus ardue que je croyais! Mais je me suis bien entouré. On est chanceux, il n’y pas eu trop de graves erreurs. Et on a connu du succès, reçu beaucoup d’appuis.» «Je peux maintenant dire que je suis un vrai hôtelier à 100%, conclut-il. Mon stage est fini!»