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Une nouvelle porte sur le fleuve qui pourrait transformer l'économie de Sorel-Tracy

le dimanche 17 janvier 2021
Modifié à 11 h 08 min le 12 janvier 2021
Par Hélène Gingras

hgingras@gravitemedia.com

Un nouveau port sur le fleuve Saint-Laurent donnant sur sept millions de pieds carrés de terrains industriels à développer pourrait bien transformer le portrait économique de la région de Sorel-Tracy au cours des prochaines décennies. Son principal exploitant y voit notamment un important pôle d’exportation de produits agroalimentaires québécois. C’est le démantèlement de l’ancienne centrale thermique d’Hydro-Québec et de ses emblématiques cheminées rouges et blanches qui a créé cette opportunité de développement industriel. La municipalité s’est assurée de récupérer les terrains, puis d’acquérir les espaces voisins dans le but d’aménager une nouvelle zone industrialo-portuaire appelée «Saint-Laurent» donnant à la fois accès au fleuve, à la voie ferrée et à l’autoroute 30. Le mois dernier, la Ville a dévoilé un partenariat avec l’arrimeur QSL, une entreprise québécoise qui possède également des installations à Chicago et au Texas. Un bail emphytéotique permet à QSL d’occuper la partie riveraine du terrain pour 30 ans avec l’option de prolonger le bail pour 30 années de plus à son terme. L’arrimeur doit aménager un chaland sur la voie maritime qui servira de quai de transbordement. Il n’y aurait donc pas de constructions d’installations envahissantes directement dans le fleuve. Le maire Serge Péloquin s’est dit particulièrement fier de «l’impact minime» du projet sur l’environnement puisqu’il s’agit principalement de revaloriser les installations de l’ancienne centrale thermique et d’y ajouter en quelque sorte un quai flottant. Il se félicite aussi d’avoir pu conserver la propriété du terrain en bord de fleuve. «Le bord du fleuve, c’était important de le garder. C’était une priorité. Je voulais que cet actif-là demeure une propriété publique de la municipalité et des citoyens», a-t-il soutenu. Le reste des terrains pourrait être vendu à la pièce selon les besoins de futurs acquéreurs. Exportations agroalimentaires Le premier marché visé par le nouveau secteur Saint-Laurent sera l’industrie agroalimentaire, confirme le président et chef de la direction de QSL, Robert Bellisle. «Il y a un gros volet qui va être dédié au cargo relié à l’agriculture pour desservir nos clients qui cherchent à prendre de l’expansion dans la manutention et l’expédition», explique-t-il. Le premier investissement de QSL sera d’ériger un entrepôt réservé aux activités du Groupe coopératif Sollio.  À elle seule, cette première phase devrait entraîner la création d'une quarantaine d'emplois directs d'ici cinq ans. Une vision partagée par le maire Serge Péloquin.

«Entre Sorel-Tracy et Saint-Hyacinthe, c’est pratiquement 80 % de terres agricoles et on a déjà de la demande», observe-t-il.
Une demande qui touche non seulement les récoltes, mais aussi toutes sortes de matières liées au monde agricole, comme des engrais. «Si on est capable d’apporter la marchandise le plus près possible du consommateur, ça a un impact important sur la réduction des coûts pour le client», note l’élu. Le maire Péloquin salive aussi à l’idée d’attirer des usines de transformation alimentaire. Il cite l’arrivée récente de l’usine de fabrication des fromages Mini Babybel qui a mené à la création de 140 emplois. Au sujet du positionnement stratégique, Robert Bellisle renchérit en affirmant que l’expansion de l’industrie maritime au Québec passe par la rive sud du fleuve, puisque la rive nord est déjà saturée. La présence de l’autoroute 30 offre donc un avantage stratégique à la région de Sorel-Tracy. Formats géants L’une des particularités de ce nouveau quai industriel sera la manipulation de pièces surdimensionnées. Ces structures géantes que l’on voit parfois circuler sur les routes ont besoin d’installations spéciales pour être déposées ou récupérées lorsqu’elles voyagent par bateau, par train ou par camion. «Dans notre parc éolien, quand on a reçu les palmes et les morceaux venus d’Allemagne, on a dû trouver un port au Québec pouvant accueillir le bateau. Donc, on va servir cette clientèle», donne en exemple le maire Péloquin. De son côté, le commissaire industriel, Jacques Thivierge, note que QSL a fait l’acquisition récente d’un transporteur spécialisé dans le transport de ce type de pièces géantes. De plus, deux PME de la région ont développé une expertise pour fabriquer de tels équipements destinés au secteur minier, pétrolier ou aéronautique. Le PDG de QSL, Robert Bellisle, confirme son intérêt pour ce type de transport. Il souligne d’ailleurs vouloir être prêt à temps pour le chantier du futur mégaport de Contrecoeur qui doit pouvoir accueillir 1,15 million de conteneurs. «Il va falloir qu’il y ait de grosses pièces qui arrivent et il va falloir un endroit pour les décharger. Et pour toute l’expansion des industries autour de Sorel, Contrecoeur, Varennes, ça devient un endroit stratégique pour ces marchandises-là», estime M. Bellisle qui croit pouvoir doubler le volume des activités de QSL dans la région. L’arrimeur compte déjà un autre quai dans le secteur de Saint-Joseph-de-Sorel à la confluence du fleuve et de la rivière Richelieu. Des revenus municipaux importants Par son entente négociée avec QSL, la Ville de Sorel-Tracy s’est montrée créative pour diversifier ses sources de revenus. C’est-à-dire qu’en plus de verser un loyer sur le terrain et de payer des taxes foncières sur ses installations érigées sur le site, l’entreprise a accepté de verser des redevances sur le tonnage des marchandises transbordées sur le quai, sur les rails et sur la route. Pour le maire Serge Péloquin, il est essentiel que sa municipalité trouve de nouvelles sources de revenus afin de réduire le fardeau qui pèse sur les taxes foncières.