Une carrière de serveuse qui dure depuis 60 ans
L’avenir appartient aux gens qui se lèvent tôt. Choisis un travail que tu aimes, et tu n’auras pas à travailler un seul jour de ta vie. Thérèse Tanguay, à l’aube de ses 76 ans, a adopté ces adages.
« J’ai commencé à travailler à l’âge de 14 ans et aujourd’hui, je travaille encore comme serveuse. J’aime toujours ce que je fais et je ne me vois pas m’arrêter. Aller m’asseoir dans ma maison et regarder les quatre murs? Ce serait le début de la fin », lance celle qui aura 76 ans le 2 septembre et qui n’envisage nullement la retraite.
« Je ris toujours avec mes clients, parce que j’aime les gens et le monde m’aime bien », explique Thérèse Tanguay qui a œuvré pendant 43 ans comme serveuse au Casseau Blanc à Salaberry-de-Valleyfield.
« Je m’ennuie de ma gang là-bas. Il y avait ceux du mercredi, ceux du vendredi. Il y a pas mal de monde de Valleyfield qui vont me reconnaître », mentionne la dame qui sert des repas depuis 61 ans dans les restaurants de la région.
Elle a travaillé à la Frite Dorée, au Rossignol, au Bal Rustique, avant de s’amener au Casseau Blanc. « Les choses ont bien changé. Au début, c’est moi qui faisais les hamburgers, les hot-dogs, et qui les servais. J’ai commencé au Casseau il n’y avait que six places assises. Il y a eu le fer à cheval, les banquettes et s’est ajouté un local supplémentaire. C’était un endroit que les gens aimaient, entre autres avec le mini-putt », ajoute celle qui sert maintenant des déjeuners chez EggsCrêpes à Vaudreuil-Dorion.
Toujours debout
Pour tuer la solitude, Thérèse Tanguay travaille. À 4 heures chaque matin, elle s’extirpe du lit, mets ses pieds par terre et lance : Lève-toi, c’est parti. « Je travaille 8 heures chaque jour, debout. Ça aide à rester en santé, c’est bon pour le cerveau. C’est quand les gens arrêtent de travailler que les problèmes de santé arrivent », philosophe celle qui manque rarement une journée de travail. « Ça prendrait quelque chose qui me mettrait bien à terre pour ne pas rentrer. »
Quand elle est seule sur le plancher, même quand un autobus de touristes débarque dans le restaurant, elle demande aux gens de prendre les tables proches de la cuisine. « Je sauve quelques pas, parce qu’en fin de journée c’est un peu plus difficile », lance celle qui aurait pu fonder son propre restaurant étant plus jeune. « Mais je ne savais que j’aurais une telle santé. Avoir su », laisse planer Thérèse Tanguay, 9e enfant d’une famille de 12.
« J’ai commencé à travailler parce qu’il fallait aider à la maison. J’ai quitté l’école et je ramenais de l’argent. Je n’ai jamais arrêté depuis », dit la serveuse de métier qui a même connu l'homme avec qui elle a partagé sa vie dans un restaurant.
Une dame heureuse
Avec cet homme, elle a fondé une famille de trois enfants et l’horaire à la maison était rodé au quart de tour. « Mon mari travaillait sur la construction de jour. Moi je préparais le souper, je m’occupais des enfants et quand il arrivait, je partais travailler de soir. Aujourd’hui, j’aime mieux travailler de jour, mais je fais encore 35 à 36 heures par semaine », affirme l’inusable Thérèse Tanguay qui a vu le jour à Fort-Coulonges, mais qui a été élevée et demeure toujours à Salaberry-de-Valleyfield.
« Je venais déjeuner souvent ici et un jour j’ai demandé s’ils cherchaient une serveuse de jour, ils m’ont appelé pas longtemps après. Je m’amuse bien, j’ai de l’entregent et mes patronnes sont très gentilles », conclut celle qui aimerait bien revoir d’anciens clients qu’elle n’a pas oubliés.