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Un début de soutien aux producteurs en détresse

le jeudi 12 décembre 2019
Modifié à 15 h 26 min le 11 décembre 2019
Un texte de Josianne Desjardins - Collaboration spéciale de La Terre de chez nous Si l’enveloppe de 300 000$ de Québec a été bien accueillie par Au cœur des familles agricoles (ACFA), les dirigeants de l’organisme provincial ainsi que d’autres intervenants du milieu restent sur leur appétit et espèrent obtenir un financement récurrent pour mieux agir auprès des producteurs en détresse. La semaine dernière, les ministres de la Santé et de l’Agriculture Danielle McCann et André Lamontagne ont été sans équivoque sur leur volonté de débloquer des fonds pour cette cause sur une base annuelle, et ce, dès 2020 ou 2021. Lors de leur conférence de presse à Saint-Rémi, en Montérégie, Mme McCann a affirmé travailler «très fort» en ce sens et M. Lamontagne s’est réjoui du signal envoyé par sa collègue et son équipe. «Pour la première fois, on a un gouvernement qui s’investit de la tâche de venir en aide aux producteurs», a-t-il dit en entrevue à La Terre. Quelques jours plus tard, lors de son discours au Congrès de l’Union des producteurs agricoles (UPA), André Lamontagne a réaffirmé l’importance de soutenir, dans un premier temps, l’expertise développée par ACFA et la mission de ses travailleuses de rang, mais aussi d’avoir enfin reconnu la «problématique particulière» qui touche le milieu agricole. Ses propos n’ont pas manqué de déclencher de nombreux applaudissements. Des urgences partout Le directeur général d’ACFA, René Beauregard, a apprécié la présence des deux ministres pour l’annonce de l’aide financière. «J’ai senti que ce n’est pas de quoi pour se débarrasser, qu’ils ont vraiment cette cause à cœur», a-t-il dit, soulignant la formation en travail social de la ministre McCann. Mais il n’en demeure pas moins que les besoins sont criants et multiples au sein de l’organisme. «Il y a des urgences partout», a indiqué M. Beauregard, en faisant référence à la nécessité d’embaucher rapidement quatre ressources supplémentaires rapidement, soit deux au Bas-Saint-Laurent, une dans Lanaudière et une autre en Montérégie. La seule travailleuse de rang à couvrir le territoire montérégien, Vicky Beaudoin, qui était présente lors de l’annonce, aimerait avoir plus de temps pour travailler en amont sur la santé mentale des agriculteurs. «Je ne fais que des interventions dans le curatif. Comme je le dis toujours, j’éteins des feux. L’objectif éventuel serait d’avoir un collègue pour faire plus de prévention», a-t-elle souligné. De plus, M. Beauregard compte faire passer les semaines de travail de 28 à 32 heures pour ses 10 travailleuses de rang actuelles. Pour atteindre ces objectifs, une aide récurrente de la part de Québec est indispensable. «Il n’y a aucun financement qui existe pour garantir nos emplois à long terme. Ça nous éviterait aussi de voir des producteurs qui se rendent à la limite de leurs capacités, qui attendent d’être au bout du bout avant de chercher de l’aide», considère-t-il. ACFA estime avoir besoin d’un financement d’environ 450 000 $ par année pour subvenir à ses besoins. Couvrir les régions Selon le président de la Fédération de l’UPA du Bas-Saint-Laurent, Gilbert Marquis, un financement récurrent permettrait de couvrir l’ensemble des régions, dont la sienne, qui a été durement éprouvée avec la crise du foin. «On s’attend à ce que les montants soient bonifiés, car ça ne fera pas la job», estime-t-il. L’urgence se fait d’autant plus sentir avec la fin imminente du contrat de la seule travailleuse de rang de la région, qui est dessert uniquement la MRC de La Matapédia. Son mandat se terminera le 31 décembre. Par ailleurs, Écoute agricole des Laurentides réclame aussi sa part du gâteau. L’organisme recherche activement du financement pour embaucher un travailleur de rang pour l’Outaouais, où trois producteurs se sont enlevé la vie en l’espace de quatre mois cette année. «On espère que les ministres [McCann et Lamontagne] n’oublieront pas les autres régions et qu’au début 2020, ils pourront annoncer quelque chose de plus global. On a accumulé des acquis au fil du temps et grâce au travail de nos bénévoles. On ne voudrait pas perdre ça», affirme la directrice générale Magali Noiseux-Morin. Difficile de recruter Les candidats pour les postes de travailleur de rang à pourvoir se font rares, mentionne Magali Noiseux-Laurin. Écoute agricole des Laurentides a reçu peu de curriculum vitæ depuis l’affichage de ces deux postes à temps partiel. L’organisme a récemment changé de stratégie en indiquant chercher un intervenant social plutôt qu’un travailleur de rang dans son offre d’emploi, dans l’espoir que cela puisse interpeller davantage de candidats.