Signel Services à Saint-Mathieu : fleuron de la signalisation
Pendant que les chantiers se multiplient, l’entreprise de signalisation routière et d’équipements de sécurité Signel Services à Saint-Mathieu fait des affaires d’or. «Malheureusement pour les automobilistes, mais heureusement pour nous», constate le fondateur Sylvain Gauthier, qui a démarré sa compagnie dans son sous-sol il y a 30 ans.
Une grande partie des barils, cônes orange et panneaux de signalisation qui meublent le décor du Grand Montréal sont signés Signel. La reconstruction du tunnel Lafontaine jusqu’en 2025, l’élargissement de l’autoroute 30 cet été et la réfection de l’autoroute 13 sont quelques-uns des contrats obtenus par l’entreprise de la montée Monette ces dernières années.
«La signalisation est un puits sans fond, fait remarquer M. Gauthier. L’entretien des routes, c’est éternel, les nouvelles constructions aussi. J’ai rapidement constaté en fondant la compagnie qu’il y avait un potentiel partout. Signel n’a pas atteint sa limite, loin de là.»
Plus de 18 000 produits sont réfléchis, dessinés, puis conçus à Saint-Mathieu; du radar de vitesse aux barrières de sécurité, des feux de chantier aux panneaux d’interdiction de stationnement et plus encore. Le ministère des Transports, Hydro-Québec, la Ville de Montréal et des corps policiers, entre autres, comptent parmi les clients de l’entreprise.
D’un étage à l’autre, des employés impriment, pratiquent la sérigraphie, posent à la main chaque collant sur les panneaux. Alors que le printemps est la période la plus achalandée, la fourmilière de 92 employés s’active.
«Avant de voir le panneau qui est sur le bord de la route, il y a un travail énorme, souligne Laurence Morieilli, directrice des ventes et marketing. Il y a l’achat du bois et de l’aluminium, la préparation de ces matériaux, la coupe, la préparation pour la pellicule, l’imprimerie, l’installation sans bulles, etc.»
Les items les plus populaires, notamment le panneau orange affichant un employé de la construction, sont fabriqués en lot de plusieurs centaines d’exemplaires pour une question d’efficacité, ajoute-t-elle.
(Photo: Le Reflet - Denis Germain)
Des hauts et des bas
La croissance de Signel Services est à l’image du parcours de son fondateur qui a trimé dur pour d’abord garder la tête hors de l’eau, puis se démarquer de la compétition.
En 1992, après être mis à pied par une entreprise qui oeuvrait dans le même domaine et qui était en difficulté financière, M. Gauthier se lance à son compte. Il achète un moule pour concevoir des flèches lumineuses destinées aux voitures de police et dégote des fournisseurs de lampes et de câbles.
«Ensuite, j’ai espéré obtenir du crédit à la banque. Nous avions acheté une nouvelle maison et je n’avais plus de voiture. Pendant 8 ans, j’ai aussi occupé un deuxième emploi pour qu’on puisse manger tous les jours», raconte celui qui s’est consacré à temps plein à Signel Services à partir de 2001.
Du sous-sol au garage, puis d’un local à Sainte-Catherine jusqu’aux installations à Saint-Mathieu, la compagnie s’est bâti un nom.
«L’immeuble d’origine ici était trop grand, mais nous l’avons rempli. Puis, nous en avons acheté un deuxième qui nous apparaissait aussi trop grand, mais nous l’avons encore rempli. Et, l’année dernière, nous avons acheté l’entrepôt derrière», détaille l’ingénieur de formation, qui se demande si cet ajout sera à nouveau suffisant.
La croissance de Signel Services ne s’est pas faite sans heurts. M. Gauthier aurait mis la clé dans la porte après la Commission Charbonneau, si ce n’est qu’il a réhypothéqué sa maison et injecté de l’argent dans une autre entreprise.
«Certains de nos gros clients ont fait faillite, d’autres ont passé très proche aussi. Ça nous a entraînés au bord du précipice. Il a fallu que je fasse les bons choix à la dernière minute», admet-il en remarquant que d’autres compétiteurs n’ont pas osé à ce point.
«Ce n’est pas qu’on faisait mal les choses, enchaîne Mme Morielli. C’est que personne ne pouvait nous payer parce qu’eux-mêmes n’étaient plus payés par le ministère. Tout était gelé.»
(Photo: Le Reflet - Denis Germain)
Avenir
M. Gauthier ne cache pas qu’il est à l’âge de préparer sa retraite, mais qu’il n’a pas de relève familiale sur laquelle compter.
«Des employés pourraient racheter l’entreprise, mais je n’en vois pas la possibilité pour le moment. Sinon, la relève viendra du rachat par une entreprise externe. Signel sera sûrement là encore dans 20 ans, mais son futur dépendra des gens qui seront en place pour la développer», croit-il.
(Photo: Le Reflet - Denis Germain)
Avec véhicules seulement
Comme partout ailleurs, la compagnie souffre de la pénurie de main-d’œuvre. Alors que les carnets de commandes se remplissent, les nouveaux employés demeurent rares.
«C’est l’enfer!, se désole le président, Sylvain Gauthier. Nous avons dû engager une personne pour s’occuper du recrutement à temps plein.»
L’ajout d’un arrêt d’autobus près de la compagnie à Saint-Mathieu contribuerait à attirer du personnel, croit Laurence Morielli, directrice des ventes et marketing, qui a dû refuser des candidats sans véhicule.
«L’autobus passe devant chez nous, mais il va vers Saint-Philippe et ne s’arrête pas ici», observe Mme Morielli qui en a déjà discuté avec l’administration de Saint-Mathieu. Bien qu’elle ne soit pas desservie, la Municipalité paie un montant de 92 000$, selon le budget 2023, pour le transport collectif.
«Il ne faut pas oublier que la signalisation routière, ce n’est que de la sécurité pour les signaleurs, les travailleurs et les automobilistes.» -Sylvain Gauthier
(Photo: Le Reflet - Denis Germain)