Chroniqueurs
Le point de vue de René Vézina

Retour à la normale, vraiment ?

le mercredi 23 février 2022
Modifié à 8 h 28 min le 23 février 2022
Par René Vézina

redactiongm@gravitemedia.com

René Vézina (Photo gracieuseté)

La balle est maintenant dans le camp des consommateurs.

Québec vient d’annoncer que les assouplissements aux mesures sanitaires, désirés depuis si longtemps, vont se succéder à un rythme accéléré.

Finie l’imposition du passeport vaccinal pour les grandes surfaces. Le statut du masque est encore en suspens, mais on évoque son retrait progressif à compter du printemps. Pendant ce temps, les restaurants, commerces de détail, salles de spectacles et autres ont pu recommencer à recevoir leurs clients.

Certains experts se demandent si la levée de ces restrictions n’intervient pas trop rapidement – on ne peut être sûr de rien –, mais avec les hospitalisations en baisse constante, le gouvernement dispose dorénavant de bons arguments pour donner du lest. Elles sont passées sous la barre symbolique des 2000, le 16 février.

La grande question devient maintenant: est-ce que les consommateurs seront au rendez-vous, maintenant qu’ils ne seront pas soumis à autant de vexations?

Pas sûr. Les habitudes prises durant la pandémie risquent d’être tenaces.

Pensez aux salles de cinéma. Le grand écran aura toujours son lot de fidèles irréductibles, mais l’offre de diffusion en continu (streaming) a tellement augmenté durant la pandémie qu’il faut s’attendre à une baisse de fréquentation des salles, quoiqu’il arrive.

En même temps, l’inflation rugit et les prix augmentent. Aller manger au resto va coûter plus cher, entre autres parce que le personnel peut aujourd’hui s’attendre à être mieux payé, alors même que l’offre de repas précuisinés pour la maison est elle aussi plus abondante que jamais. Pendant ce temps, le commerce en ligne a gagné tellement d’adeptes que les boutiques et magasins auront inévitablement de la misère à retrouver l’achalandage d’avant la pandémie.

De là dire qu’ils seront désertés, c’est peu probable. Les humains sont des êtres grégaires et la tendance à se retrouver en groupe va demeurer. Et ne serait-ce que pour profiter de cette liberté réclamée, les gens vont vouloir sortir. Oui, mais pour aller où, justement?

C’est donc un défi costaud qui attend les commerçants en tous genres. Ils vont devoir faire preuve de beaucoup d’initiative et d’imagination pour séduire les consommateurs. Ce n’est pas parce qu’il devient moins compliqué de les revoir qu’ils seront pris d’assaut. Quoiqu’en pense certains contestataires, qui réclamaient à cor et à cri la levée de toute restriction, ce ne sera quand même pas l’ambiance effervescente du Paris de la Libération!

Il faudra donc voir comment vont réagir les consommateurs. Tant mieux pour le retour à la normale, mais ce retour pourrait bien s’étirer selon leur humeur du moment…