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Nicolas Mesly s’inquiète pour l’avenir des jeunes agriculteurs

le lundi 20 février 2023
Modifié à 8 h 42 min le 20 février 2023
Par Yanick Michaud

ymichaud@gravitemedia.com

François Vincent, président de l’UPA régional, entend bien rappeler l’auteur, agronome et journaliste Nicolas Mesly pour qu’il vienne à nouveau prononcer sa conférence, mais cette fois à des citadins, les gens de Salaberry-de-Valleyfield, de Beauharnois et des environs, afin qu’ils comprennent les véritables enjeux. (Photo Journal Saint-François – Yanick Michaud)

Auteur du livre coup de poing Terres d’asphalte et journaliste agroéconomiste, Nicolas Mesly est venu à la rencontre des agriculteurs de l’UPA à Saint-Étienne-de-Beauharnois, afin de dresser un portrait de l’état de la situation.

« Il n’y a jamais eu autant de pressions sur le jardin nordique québécois et il faut se demander ce qu’on va laisser aux futures générations. Il reste au Québec 43 000 agriculteurs, dont la majorité va vers la retraite, on doit faire rapidement pour ne pas frapper un mur, parce qu’un pays qui n’a pas d’agriculture, dépend des autres. C’est à nous de voir », expose-t-il lors de sa conférence fort entendue par les agriculteurs qui ont vu Google, entre autres, l’autoroute 30, et d’autres épiceries, centres commerciaux, s’établir sur leurs terres.

« Nous avons des choix de société à faire, on pense que notre territoire agricole est protégé, mais il ne l’est pas si bien. Nos terres fertiles ont été asphaltées, par des épiceries, des condos, des routes et d’autres bâtiments. Il y a une fiscalité municipale qui permet aux Villes d’aller chercher des taxes de cette manière, est-ce qu’on doit la repenser ? », se questionne Nicolas Mesly, lauréat d’une trentaine de prix en journalisme.

Des agriculteurs malmenés

Souvent vues comme le garde-manger de la province, les terres de la Montérégie sont prises en main par des agriculteurs qui ont une véritable passion. « Dans les palmarès de métiers les plus appréciés, nous arrivons souvent dans le top 10, mais en réalité, les élus nous font souvent croire que nous sommes dans le sous-sol du classement », image François Vincent, président de la branche Beauharnois-Salaberry de l’UPA.

Selon Nicolas Mesny, il est vrai que les producteurs agricoles sont à l’avant-scène des bouleversements que rencontre aujourd’hui cette activité malmenée par la spéculation, l’étalement urbain et les changements climatiques.

« Devant cette réalité, il faut prendre le taureau par les cornes. D’ici 2050, il y aura 9 milliards d’habitants sur la planète et il faut produire plus pour nourrir tous ces gens. Qu’est-ce qu’on veut comme société ? La pérennité ne peut reposer seulement sur les épaules des agriculteurs, les décideurs doivent faire une réflexion parce que la pression sur la terre ne s’arrêtera jamais », ajoute l’auteur du documentaire Québec, terre d’asphalte, un prélude à son livre.

« Il faudrait par exemple un observatoire pour demander aux acheteurs ce qu’ils entendent faire lors de l’achat de terres agricoles. Le prix de la terre a triplé en dix ans et c’est à cause de la spéculation. Il faut que ça cesse, la relève, les jeunes agriculteurs n’ont pas les moyens de concurrencer des entreprises millionnaires ou multimillionnaires. On doit décider si on veut de la production agricole ou des tours d’habitation, des troisièmes liens », conclut-il.