Actualités
Choix de la rédaction

Mam’zelle Taille Plus lance une collecte de fonds pour sa survie

le vendredi 12 janvier 2024
Modifié à 8 h 48 min le 22 janvier 2024
Par Michel Hersir

mhersir@gravitemedia.com

La sympathique Isabelle Beauchamp est fière de son commerce. (Photo : Le Courrier du Sud – Michel Hersir)

Si la situation de son commerce est précaire, Isabelle Beauchamp a tout de même accueilli Le Courrier du Sud avec bonne humeur le 10 janvier, visiblement fière de ce qu’elle a accompli depuis plus de huit ans. Il reste que le temps presse pour la propriétaire de Mam’zelle Taille Plus. Sans l’aide de la communauté, elle pourrait bientôt fermer boutique.

Isabelle Beauchamp n’aime pas dire que son entreprise est unique, mais après réflexion, elle n’y voit pas d’équivalent sur la Rive-Sud ou en Montérégie. À la fois boutique et friperie, elle propose des vêtements grandes tailles à petits prix, pour les femmes. Sa clientèle part de la Gaspésie jusqu’en Ontario.

 

 

 

 

«La demande est vraiment là pour les femmes de grande taille. Surtout à petits prix, il n’y a pas beaucoup de choix», souligne-t-elle.

Cette dernière a cependant accumulé du retard dans ses loyers au cours des dernières années et a lancé une page Gofundme afin d’amasser 15 000$, soit l’équivalent des loyers non payés.

«Habituellement, on ne fait pas des Gofundme pour des retards de loyer. Mais c’était ça ou on faisait faillite. Je sais qu’ici, c’est une très belle communauté. Comme je suis très bien entourée par la clientèle, je me suis dit : c’est la seule solution. Et la réponse est malade!» affirme-t-elle, évoquant les 4000$ déjà accumulés.

Pandémie et problème de santé

La commerçante ne veut pas tout mettre sur le dos de la pandémie, mais cette période a fait mal à l’entreprise. Tant la fermeture obligatoire que les temps qui ont suivi.

«Après ça, la clientèle ne venait pas, par peur d’attraper le virus. On a continué la vente en ligne, mais ce n’était pas aussi fort qu’avec le commerce ouvert», raconte-t-elle.

Puis, il y a aussi ses problèmes de santé. Isabelle Beauchamp est atteinte du syndrome de Gorlin, une maladie génétique rare. Elle doit suivre un traitement de chimiothérapie à vie.

«Ça peut se développer de plusieurs manières, mais dans mon cas, ça faisait des cancers de la peau à répétition. J’ai eu plusieurs opérations. Ç’a amené beaucoup, beaucoup de rendez-vous. Ça m’a fait des convalescences de 4, 6 semaines obligatoires. Mon mari, mes filles et ma mère m’aidaient, mais en réduisant mes heures à plus de moitié, je n’étais plus aussi active», soutient-elle.

Depuis quelque temps, la santé va mieux, notamment grâce à «un bon médicament, avec pas trop d’effets secondaires». Les affaires de la boutique également. «Aujourd’hui tout va bien au niveau financier, on paie nos coûts d’exploitation. C’est vraiment de rattraper le mal qui s’est fait dans les dernières années», évoque-t-elle.

Un rack au pied du lit

C’est justement après un épisode de traitements à répétition, il y a 11 ou 12 ans, qu’Isabelle Beauchamp a eu l’inspiration Mam’zelle Taille Plus. À cette époque, la Longueuilloise était considérée comme invalide par la Régie des rentes du Québec.

«Ma santé a commencé à mieux aller. J’ai dit : ok, ça fait des années que je ne fais plus rien, je dois faire quelque chose de ma vie. Ç’a commencé par : j’ai besoin de nouveaux vêtements», relate-t-elle.

Elle a ainsi commencé à vendre ses vêtements qui ne lui faisaient plus sur Internet pour en acheter d’autres. Ils ont rapidement trouvé preneur. Puis, elle en a vendu d’autres, avec un succès similaire.

L’expérience lui inspire la création d’un groupe : «après un mois, il y avait 500 personnes sur le groupe. Je me suis dit : je ne suis pas toute seule qui a besoin de vêtement de taille plus et qui a de la misère à s’en procurer».

S’en suit un premier support à vêtements au pied du lit. Puis, ailleurs dans le logement. Puis, dans un logement plus grand, jusqu’à ce qu’elle découvre le local sur le boul. Curé-Poirier où elle est aujourd’hui.

Vêtements usagers et vêtements neufs y sont vendus, toujours dans une perspective d’abordabilité. «Toutes femmes de toutes classes de société viennent ici, mais les profits qu’on peut faire, c’est avec la quantité de vêtements vendus et non à chaque vêtement», informe la commerçante.

Elle soutient en outre que le propriétaire de l’immeuble, un homme qu’elle connaît depuis l’enfance, a été très compréhensif et comprend les démarches entreprises pour régler ses dettes.

Si elle n’avait pas encore de date limite pour acquitter la somme lors de notre visite, elle estime que l’échéance sera d’ici trois semaines ou un mois.

 

Dernières nouvelles