Portraits

Mairesse de Contrecœur: se dévouer au service de sa communauté

le mardi 10 avril 2018
Modifié à 0 h 00 min le 10 avril 2018
Après deux mandats comme conseillère municipale, Maud Allaire est devenue, à 40 ans, la deuxième mairesse de Contrecœur, ville qui célèbre son 350e anniversaire cette année. Tout semble ainsi tomber à point pour cette femme d’action qui parle avec autant de passion de ses trois grands enfants de 15, 17 et 18 ans que de la vitalité de sa communauté. Qu’est-ce qui vous a incité à vous impliquer en politique en 2009? À cette époque, mes enfants avaient 6, 8 et 9 ans. C’est un projet de famille. J’y ai réfléchi, avec mon mari. Puis, quand j’ai commencé comme conseillère, je suis retournée aux études. Ça faisait partie de mon plan: lorsque mes enfants commençaient l’école, je voulais aussi sortir de la maison pour m’épanouir, continuer à progresser avec la société. Je suis allée faire un DEP en secrétariat, un DEP en comptabilité, un certificat en gestion de ressources humaines à la Téluq, une AEC en technique de bureautique, une technique en bureautique et des cours d’anglais. Puis j’ai travaillé pour le Centre jeunesse Montérégie, devenu par la suite un Centre intégré de santé et services sociaux (CISSS). Pourquoi avoir tenté la mairie en novembre? Les gens voulaient que je me présente, ils m’en parlaient beaucoup. C’était aussi dans ma tête et je voulais sentir que j’avais cet appui. J’ai rencontré ma supérieure au CISSS. Je lui ai dit que je sentais une pression, que je sentais l’appel d’aller à la mairie. Aussitôt que ç’a été fait, j’ai senti une paix d’esprit. Puis, les statistiques ont été criantes pour moi: seulement 17% de femmes à la mairie et 32% de conseillères municipales aux élections de 2013. Ç’a fait du chemin dans ma tête. Aviez-vous réfléchi à la question de la conciliation travail-famille? J’ai eu une mère qui m’a dit que si j’avais la chance de pouvoir élever mes enfants à la maison les cinq premières années, de le faire. Je n’ai rien manqué. J’étais là avec eux, j’ai vécu toutes les étapes, on a fait des activités ensemble, du sport, etc. Et j’ai un excellent mari. Il est toujours là pour les enfants. Souvent, le repas est prêt quand j’arrive à la maison. C’est un père présent. Il aime aussi voir sa femme heureuse. C’était clair que je devais aller à la mairie, que j’avais des choses à donner aux gens. Comment percevez-vous votre rôle d’élue? On est un gouvernement de proximité, c’est comme ça que je le vois. Je suis une fille de terrain, les gens me reconnaissent, peuvent me suivre sur Facebook. Au C.A. de la FADOQ, j’avais dit que j’irais jouer à chacune des activités. Cette semaine, je suis allée jouer au baseball poche avec la doyenne de 95 ans! Je le fais avec cœur et dévouement. Je pense que je suis une facilitatrice, axée sur la solution. Comment peut-on inciter les gens à s’intéresser davantage à la politique municipale? Je crois que ça passe par l’école. Il devrait peut-être y avoir une formation sur l’importance de la démocratie, de s’exprimer, de participer aux consultations publiques pour faire avancer la société et avoir un projet commun. Les gens veulent se sentir impliqués. Et j’aime entendre les gens, tenir compte de ce que me disent la population et mon conseil, afin d’avoir une bonne ligne directrice pour réaliser des projets. Vous êtes l’unique femme élue à Contrecœur. Est-ce que ça change la dynamique d’être à la tête d’un conseil formé de six conseillers masculins? Dès que j’ai été élue, j’ai tenu à faire des rencontres individuelles. Je voulais les entendre, savoir à quels comités ils se voyaient. Il y avait quatre nouveaux élus. Je voulais qu’ils aient toutes les informations sur les dossiers en cours, pour partir tous sur le même point. Je tiens des caucus fermés où on peut nommer les choses, cibler les problèmes pour trouver des solutions, collaborer et faire avancer les idées ensemble. Sentez-vous une responsabilité d’être un modèle, de véhiculer un message en particulier? C’est surtout important de dire aux femmes: «Présentez-vous, allez chercher les atouts dont vous avez besoin, trouvez votre réseau social pour avoir de bons appuis.» Il faut savoir aussi si tu es prête à t’impliquer, si tu aimes faire partie des discussions, faire valoir tes idées. Les comités, ce sont de bonnes écoles. Et au-delà de la question homme/femme, c’est l’individu, ce qu’il a à apporter à la société. Je travaille avec un individu qui veut faire bouger les choses. On dit souvent que les femmes ont de l’intuition et sont plus sensibles, mais ça peut être le cas d’hommes aussi. Je crois surtout que c’est une question de perception différente. On peut faire avancer les dossiers avec d’autres angles, pour ensemble les amener plus loin.   Une année d’effervescence Technopôle, pôle logistique, Cité 3000, terminal aéroportuaire… Contrecœur vit actuellement un dynamisme remarquable; un essor profitable d’un point de vue économique, commercial et résidentiel. Quels seront selon vous les principaux enjeux des quatre prochaines années à Contrecœur? L’extension du terminal portuaire créera une grosse roue économique. On s’attend, dès la phase de construction en 2020, à la création de 5000 emplois. Une fois opérationnel en 2023, on parle de 1000 emplois récurrents. Avec la Stratégie maritime annoncée en 2015, Contrecœur est ciblée, avec Varennes, comme une zone industrialo-portuaire. Sans compter le pôle logistique et la Cité 3000. Dans notre ville, on a trois zones commerciales distinctes: sur Saint-Antoine, la zone «de bouche» avec des commerces comme la boulangerie; le secteur des Ormes, avec des commerces de proximité; puis la zone Cité 3000, avec des commerces autoroutiers. On a une situation idéale. Contrecœur veut également développer son secteur touristique; on a créé un site web Contrecœur touristique, en plus du site Contrecœur économique. Il se tient énormément d’activités entourant le 350e anniversaire. À tous les événements, il y a une affluence. Parmi les legs du 350e, il y aura des sentiers aménagés pour redonner aux citoyens le boisé situé entre la Cité 3000 et le secteur du RONA et du IGA. Comment Contrecœur prévoit attirer de nouveaux résidents? Il reste 500 terrains pour le développement résidentiel. On est une des villes avec le taux de croissance démographique le plus élevé. De 2011 à 2016, ç’a augmenté de 28%; c’est considérable. Sur cette partie de la 30, il n’y a pas de trafic. Ça prend 35 minutes aller à Longueuil. On est très axé sur la famille, sur les services aux citoyens. La proximité du fleuve, c’est un atout considérable, en plus de l’effervescence de l’arrivée de commerces, du port de Montréal... De quelle façon ce développement économique profitera à la région? Chacune des villes de la 30, de Sainte-Julie à Sorel, a trouvé des hectares de terrains pour accueillir des manufactures et centres de distribution. Toutes les villes souhaitent l’expansion du terminal. Ça entraîne des commerces à venir s’installer, les travailleurs des industries contribuent à l’économie locale, etc. En 20 ans, on prévoit la création de 20 000 à 25 000 emplois, de Sainte-Julie à Sorel.