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Les transporteurs régionaux affectés par la pénurie de pilotes

le lundi 17 septembre 2018
Modifié à 9 h 33 min le 17 septembre 2018
Par Katherine Harvey-Pinard

kharvey-pinard@gravitemedia.com

Depuis janvier 2017, une pénurie de pilotes sévit à travers le Canada. Une offre beaucoup plus forte que la demande et de nouveaux règlements prochainement adoptés par Transports Canada causent problèmes chez de nombreuses compagnies aériennes. Parmi celles-ci, Pascan Aviation. «Les grandes compagnies comme Air Canada et Air Transat se préparent tranquillement à une possible modification des règlements qui vont leur demander plus de pilotes, explique le directeur des opérations chez Pascan Éric Pinard. Ils viennent chercher des pilotes chez nous pour se préparer, ce pourquoi nous devons en remplacer régulièrement.» Le nouveau règlement de Transports Canada concerne entre autres le temps de devoir des pilotes. «Pour un horaire qu’ils font présentement avec un seul équipage, ils devront probablement désormais en avoir deux. Au bout de la ligne, c’est certain que ça prend plus de pilotes.» Lorsque les nouvelles exigences auront été publiées, les grandes compagnies auront 24 mois pour s’y conformer; les plus petites, comme Pascan Aviation, en auront 48. M. Pinard ajoute que les coûts élevés de la formation ont aussi un rôle à jouer dans cette pénurie. Ceux-ci peuvent s’élever à plus de 50 000$. «À la base, il y a moins de gens intéressés à débourser pour aller suivre le cours. Donc, nous avons moins de pilotes qui sont formés, mais plus qui se font engager dans des grandes entreprises, ce qui cause le problème actuel.» Former des pilotes «Actuellement, nous surmontons cette période en passant l’année complète à former des pilotes, affirme le directeur des opérations du transporteur basé à l’aéroport de Saint-Hubert. Ceux qui passaient anciennement entre deux et trois ans chez nous quittent maintenant pour une plus grosse compagnie après seulement quatre à cinq mois. Ils n’ont pas le temps de s’habituer qu’ils sont déjà partis. Pour nous, les formations sont toujours à recommencer», déplore-t-il. Éric Pinard affirme par ailleurs avoir été forcé d’annuler certains vols au cours de la dernière année par manque d’équipage. «Nous n’avons pas de jeu. Si quelqu’un est malade pendant un bout de temps, ç’a des conséquences. Heureusement, pour l’instant, ce n’est pas si pire, mais si ça continue, nous allons devoir repenser tous nos vols.» Pistes de solution Certaines solutions ont déjà été mises en place pour contrer la situation, mais rien ne semble vraiment fonctionner. Le transporteur pense à offrir une aide financière aux nouveaux pilotes en échange de leur présence pour au moins quatre à cinq ans, par exemple. La possibilité d’avoir des ententes avec les plus grosses compagnies n’est par ailleurs pas exclue; des discussions ont actuellement lieu à ce sujet afin que tous travaillent ensemble pour surmonter le problème.