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Les ristournes fondent de moitié chez Agropur
le lundi 02 mars 2020
Modifié à 16 h 12 min le 26 février 2020
Un texte de Martin Ménard - Collaboration spéciale de La Terre de chez nous
Agropur a mis l’accent sur la hausse de 10% de son chiffre d’affaires lors de sa 81e assemblée générale annuelle (AGA), le 12 février. Cependant, plusieurs agriculteurs membres de cette coopérative de transformation laitière remarquent plutôt la baisse radicale de l’excédent net et des ristournes, lesquels sont passés de 65,2 M$ en 2018 à 30 M$ en 2019.
La coopérative atteint un colossal chiffre d’affaires de 7,3 G$ voit son excédent net passer de 67,7 M$ à 40,2 M$, une baisse de 40%.
Un producteur membre d’Agropur, Nicolas Mailloux, de Granby en Montérégie, s’inquiète de cette dégringolade.
«Ce qu’on entend dans le champ, c’est que ça va mal chez Agropur. Saputo fait mieux avec un pourcentage de BAIIA [bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement] qui est le double d’Agropur. Mais on a la chance comme producteurs d’être propriétaires d’un transformateur. On est assis sur une mine d’or. Il faut juste bien la gérer», dit M. Mailloux.
Son confrère agriculteur Érick Ménard, présent à l’AGA, abonde dans le même sens.
«Ça fait 15 ans que je vais aux assemblées d’Agropur et c’est la première fois que j’entends dire que la situation est plus difficile. Mais il faut rester positif. Les dirigeants nous écoutent et nous ont invités à une réflexion stratégique au printemps», dit M. Ménard, de Sainte-Christine, en Montérégie.
Investissements records
En entrevue à La Terre, le président d’Agropur Roger Massicotte justifie la diminution des bénéfices et des ristournes par les investissements de 1,6 G$ effectués lors des cinq dernières années. Agropur mentionne que l’agrandissement de son usine de Lake Norden, dans le Dakota du Sud, est le plus important projet de son histoire.
«Ça fait de la dépréciation et de l’intérêt à payer sans qu’on n’ait commencé à retirer les bénéfices de ces investissements», souligne le président, qui prévoit des retombées positives à venir de ces projets.
«On vient de finir notre assemblée et j’ai senti que les membres étaient rassurés. À partir de ce soir, on regarde vers l’avant», indique le président, dont la ferme est située à Champlain, en Mauricie.
Les accords internationaux font mal à la coopérative
L’environnement très compétitif et les importations additionnelles de fromage qu’entraînent les récents accords commerciaux affectent directement Agropur.
«Au total, c’est au-delà de 800 millions de litres de lait qui ne seront pas produits [et transformés] au Canada. Le gouvernement s’était engagé à nous donner des compensations et, à date, on n’a rien eu», dénonce le président d’Agropur.
Il ajoute qu’à l’inverse, le gouvernement a octroyé des quotas d’importation de fromage aux détaillants canadiens, ce qui augmente la concurrence dans les comptoirs à fromage. La ratification de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique aura un impact encore plus considérable, prévoit Agropur. L’Accord prévoit notamment des limites à l’exportation.
«Ils nous limitent à exporter 35 000 tonnes. Ça, c’est un vrai problème. Et ils se donnent le droit de regard sur ceux à qui on va l’exporter et à quel prix», déplore M. Massicotte.