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Réactions au budget du Québec

le vendredi 26 mars 2021
Modifié à 17 h 47 min le 29 mars 2021
Par Hélène Gingras

hgingras@gravitemedia.com

Les réactions sont nombreuses à la suite du dépôt du budget du ministre des Finances du Québec Éric Girard, le 25 mars 2021. La Chambre de commerce et d'industrie de la Rive-Sud (CCIRS) satisfaite  Elle considère que les actions présentées pour accélérer la croissance et la reprise économique sont très encourageantes. «Le gouvernement poursuit le soutien aux entreprises touchées par la pandémie et accorde une aide particulière aux PME sans oublier le secteur de la culture et du tourisme qui ont été durement affectés. La CCIRS est donc fière pour ses membres qui pourront encore bénéficier des programmes mis en place l’an dernier.» Elle salue aussi le fait que le budget prévoit un appui à la requalification de la main-d’oeuvre. « Je note aussi avec satisfaction que le budget 2021-22 prévoit une baisse d’impôt pour les PME, ce qui est fort apprécié. Tout aussi bienvenue est la prolongation des deux principaux programmes d’aide aux entreprises mis sur pied par le gouvernement du Québec pendant la pandémie. Nous apprécions également le fait que des sommes supplémentaires de 400 M$ sur 5 ans soient prévues pour réorienter des travailleurs actuellement au chômage vers des secteurs où les besoins sont criants, comme les technologies de l’information et la construction, et pour mieux intégrer les immigrants au marché du travail», affirme le président de la CCIRS, Me Alain Chevrier.   La députée indépendante de Marie-Victorin n'a pas été surprise Catherine Fournier dit qu'elle n'a pas été surprise du contenu du budget. «Qu’on soit prudent m’apparaît tout à fait raisonnable dans les circonstances où il y a encore beaucoup d’incertitude concernant la sortie de crise, indique-t-elle sur sa page Facebook. Ce budget correspond bien à la vision gouvernementale, qui n’est pas la mienne, mais qui a le mérite d’être équilibrée dans ses choix, malgré certains écueils évidents.» Elle a salué entre autres la construction d’un nouveau garage pour le Réseau de transport de Longueuil, la construction d’une nouvelle école primaire dans le Vieux-Longueuil, l’agrandissement du palais de justice, la construction de plusieurs maisons des aînés ainsi que celle du centre Optilab, l’agrandissement du bloc opératoire et de chirurgie d’un jour de l’Hôpital Charles-LeMoyne, de même que l’élargissement de l’autoroute 30 entre Boucherville et Brossard. La députée est cependant déçue que, malgré ses interventions des derniers jours, aucun financement supplémentaire n’est prévu pour les ressources psychosociales œuvrant en prévention auprès des hommes violents de même que du peu d’argent réinvesti dans les maisons d’hébergement pour femmes. Elle souligne également un recul significatif du financement en sécurité publique, notamment en matière de prévention de la criminalité, de même que le peu de logements sociaux prévus. (Avec Geneviève Michaud)   La Ville de Longueuil émet des réserves Bien qu’elle accueille favorablement ce budget «axé sur les besoins en lien avec la crise sanitaire actuelle» et «puisqu’il vise à répondre plus particulièrement aux besoins en santé et en éducation», la Ville émet toutefois des réserves, notamment en ce qui concerne les investissements en logements sociaux qu'elle juge insuffisants pour réponde aux besoins actuels. Idem pour les sommes supplémentaires accordées  au transport collectif, dans le contexte de la diminution de l’achalandage qui a entraîné une baisse majeure des revenus tarifaires de son service de transport. À contrario, la Ville de Longueuil accueille favorablement l’annonce d’un investissement de 25 M$ sur trois ans pour le repositionnement du modèle policier au Québec. «Nous avons vu, dans la dernière année, que la crise pandémique a affecté plus particulièrement les personnes vulnérables. Assurer les services de première ligne a donc été nécessaire pour les villes. Le budget provincial, bien qu’il présente des mesures intéressantes en développement social, ne permet pas de répondre aux besoins actuels en logement abordable, qui, eux, ne cessent de croître. La crise a également soulevé l’importance du travail des services de police qui assurent une présence essentielle auprès de nos citoyens. En ce sens, je salue l’investissement pour le repositionnement du modèle policier, qui vient appuyer nos efforts de mettre en place un modèle de concertation», a déclaré la mairesse Sylvie Parent.   Un bon budget, selon la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI) Elle souligne les mesures phares misant sur les PME, car elles posent les jalons de la reprise, soutient-elle. La fédération cite ici la réduction du taux d’impôt des PME, les incitations à l’innovation, la bonification de l’aide aux entreprises touchées par la COVID-19, l'appui aux entreprises confrontées au défi de la pénurie de main-d'œuvre et la priorité donnée à l’achat local et à l’expertise québécoise. «Autant d'actions qui répondent aux besoins des PME identifiés par la FCEI», dit-elle. «Avec ce budget, le gouvernement fait confiance aux PME. Non seulement il réduit les barrières pour leur permettre de participer pleinement à la relance économique, mais en baissant le taux d’impôt des PME au même niveau que celui de l’Ontario, le gouvernement du Québec leur donne une chance de contribuer au développement des régions. On peut aussi noter l’aide supplémentaire qu’il apporte pour soutenir les PME résilientes qui ne sont pas tombées au combat. Ce sont des mesures significatives qui aideront les entreprises à rebondir. C’est un bon budget pour les PME», souligne François Vincent, vice-président Québec à la FCEI.   Déceptions et bons coups, selon Manufacturiers et exportateurs du Québec (MEQ) Les déceptions sont que:
  • Le budget ne répond pas à l’important enjeu de pénurie de main-d’œuvre dans le secteur du manufacturier, alors qu'il manque 18 000 travailleurs. «Les mesures incitatives pour stimuler les investissements dans l’automatisation et la numérisation ne suffiront pas si nous n’avons pas assez de travailleurs. Sans travailleurs supplémentaires, le manufacturier ne pourra pas jouer pleinement son rôle dans la relance économique», dit Véronique Proulx, PDG de MEQ.
  • Il n'y a aucune hausse des taux des crédits d’impôt à la recherche et le développement. Les crédits d’impôt à l’investissement et à l’innovation ont doublé.
D'un autre côté, MEQ se réjouit de que les crédits d’impôt à l’investissement et à l’innovation doublent, puisque «cette mesure aura un impact significatif sur les projets d’investissement, notamment pour accélérer l’intégration de nouvelles technologies et favoriser le virage numérique des entreprises.» L'organisme salue aussi le congé fiscal pour les grands projets d’investissement qui a été bonifié et élargi pour inclure les projets de transformation numériques.   Un budget décalé des besoins, reproche l’Association des groupes de ressources technique du Québec  Elle y voit «un timide premier pas dans la bonne direction en matière d’habitation communautaire», vu l’annonce d’un investissement de 250 M$ permettant de débloquer des unités en attente et le développement de 500 nouvelles unités Accèslogis. « Malgré tout, il demeure un important décalage entre ces annonces et les besoins ressentis sur le terrain. On le sait, le Québec traverse une crise du logement sans précédent. Les besoins sont grandissants et les investissements au compte-goutte inclus dans ce budget sont insuffisants», fait valoir Alain Marcoux, président de l’AGRTQ.   L'Association québécoise des milieux familiaux éducatif privés déçue  Pour elle, c'est «une insulte aux familles du Québec» parce que les parents n’ont pas de place en service de garde pour retourner travailler, certains s’endettent pour pouvoir y aller et les éducatrices en milieu familial quittent le navire quotidiennement. En ce sens, le ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, a été abandonné par ses collègues. Augmenter le crédit d’impôt pour les frais de garde d’enfant permettrait aux parents de souffler un tant soit peu au niveau financier, puisque les services ont augmenté leurs tarifs dans les derniers mois, accepter que les éducatrices non reconnues par le ministère de la Famille existent et leur redonner des conditions de travailleurs autonomes, telles que le droit de se faire remplacer, auraient dû faire partie des solutions, selon l'association.   La Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles se sent oubliée Le gouvernement ne reconnaît pas le travail des groupes communautaires en santé et services sociaux, déplore-t-elle, déçue de la faible augmentation du financement des groupes communautaires autonomes du domaine de la santé et des services sociaux. «Le budget 2021-2022 du gouvernement n’ajoute que 10 M$ à l’intention des 3 000 groupes subventionnés par le Programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC) du ministère de la Santé et des Services sociaux, souligne Doris Provencher, du comité exécutif de la Table. Le gouvernement ne fait pas que briser le rythme de croissance établi depuis il y a 5 ans, il n’accorde que le quart du montant d’augmentation de l’an dernier. C’est un grave retour en arrière, en 2017, alors que le montant injecté était justement de 10M$.» La Table constate un grand décalage entre les actions et les discours du gouvernement. Alors que ce dernier a louangé le travail des organismes communautaires autonomes du domaine de la santé et des services sociaux pour le soutien qu’ils apportent à la population depuis le début de la pandémie, son budget est un manque de reconnaissance flagrant, selon elle.   Occasion ratée, selon la Coalition québécoise sur la problématique du poids Elle considère que le ministre a raté une belle occasion d’instaurer une taxe spéciale sur les boissons sucrées dédiée à la prévention. «Alors que le déficit de la province atteint un niveau inégalé, une taxe sur les boissons sucrées aurait permis de recueillir des fonds supplémentaires pour financer des actions concrètes de prévention tout en envoyant un message clair concernant ces produits nocifs pour la santé», dit-elle. Selon elle, le ministre des Finances aurait dû prêter davantage l’oreille aux stratégies prometteuses de prévention visant à atténuer la croissance des dépenses en santé. Les sommes consenties au secteur de la santé représentent près de 50 % du budget de l’État et l’augmentation des maladies chroniques met une pression de plus en plus importante sur le système de soins et les finances publiques.