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Les maraîchers redoutent de nouvelles normes pour héberger les travailleurs étrangers

le mardi 15 décembre 2020
Modifié à 10 h 54 min le 10 décembre 2020
Un texte de Caroline Morneau – Collaboration spéciale de La Terre de chez nous Des agriculteurs craignent que le protocole sanitaire leur étant imposé, notamment en ce qui a trait au logement des travailleurs étrangers temporaires (TET), soit resserré l’an prochain. La préparation du milieu en vue d’une saison 2021 possiblement marquée de nouveau par la COVID-19 a fait l’objet d’échanges, lors de l’assemblée générale annuelle de l’Association des producteurs maraîchers du Québec (APMQ), le 27 novembre. «Rien n’est officiel, mais on a entendu des choses. Les producteurs craignent de devoir dépenser à nouveau pour adapter leurs logements», explique le directeur général de l’APMQ, Jocelyn St-Denis. Recommandations de la Santé publique Dans un courriel, le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec a confirmé à La Terre que de nouvelles recommandations pour l’accueil des TET ont été établies en octobre. La Santé publique suggère notamment que tous les travailleurs soient isolés de façon individuelle lors de la quarantaine obligatoire, et non en petits groupes. On recommande par ailleurs de séparer les bâtiments pour héberger les TET en secteurs «froid, tiède et chaud» pour limiter les risques d’éclosion. En secteur froid – zone d’hébergement pour les personnes qui n’ont pas de symptômes –, il est fortement conseillé de loger chaque travailleur individuellement. Si c’est impossible, ils peuvent être deux par chambre, sous certaines conditions. «[Ce sont des] recommandations qui ne sont et ne peuvent pas être intégralement respectées pour le moment. Nous sommes conscients que cela peut poser un défi pour plusieurs employeurs. Nous poursuivons des discussions avec d’autres partenaires gouvernementaux pour évaluer la possibilité de [soutenir les employeurs] en ce sens avant d’en faire des exigences», peut-on lire dans le courriel du ministère, qui compte «préciser ses orientations» au cours de l’hiver. Étant donné la complexité des mesures qui devaient déjà être appliquées pour la saison 2020, l’APMQ a adopté une résolution, le 27 novembre, demandant au ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale et à l’Institut national de santé publique du Québec de maintenir le statu quo, pour l’an prochain, quant aux conditions de logement et aux protocoles sanitaires requis pour les travailleurs étrangers temporaires.  

Demande d’incitatifs mieux adaptés aux travailleurs locaux

Également en prévision d’une saison 2021 incertaine, l’Association des producteurs maraîchers du Québec (APMQ) demande au ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, sous forme de résolution, de revoir le programme J’y vais sur le champ, visant à attirer les Québécois dans les fermes, pour qu’il tienne compte davantage des travailleurs locaux et des travailleurs d’expérience, en 2021. Rappelons que les incitatifs, dans le cadre de ce programme, ont surtout été attribués aux TET en 2020. Des employeurs de travailleurs gagnant plus que le salaire minimum, par ailleurs, se sont sentis contraints d’augmenter les salaires de ceux-ci, puisque plusieurs employés d’expérience n’avaient pas droit aux mêmes incitatifs que les nouveaux travailleurs. Le directeur général de la Fondation des entreprises en recrutement de main-d’œuvre agricole étrangère (FERME), Fernando Borja, a toutefois mis en garde l’assemblée sur le fait que les TET, par souci d’équité, doivent avoir les mêmes avantages que les travailleurs locaux. «Si les salaires des travailleurs locaux sont augmentés, le Mexique pourrait exiger que les salaires des TET soient augmentés eux aussi, et ça pourrait compliquer les négociations», a-t-il soulevé. «Il faut effectivement s’assurer que ce soit juste pour tous, a répondu Jocelyn St-Denis. On passe la responsabilité au gouvernement de trouver un moyen.» Le directeur général de l’APMQ a d’ailleurs souligné que la seule volonté de son organisation est de faire en sorte que le programme du gouvernement atteigne dorénavant les objectifs pour lesquels il a été créé.