Les déboires de Northvolt touchent aussi l’Allemagne et le Canada
Les tribulations de Northvolt causent des maux de tête bien au-delà de la Suède, alors que des projets de batteries pour véhicules électriques financés par les contribuables subissent des retards, s'étendant de l'Allemagne au Canada.
Retards en Allemagne et au Canada
Un projet de gigafactory de 7,5 milliards de dollars en Allemagne du Nord, entrepris par Northvolt, devrait voir son ouverture retardée de six à douze mois par rapport à l'objectif initial de 2026, selon des sources proches du dossier. De plus, la production de cellules dans une usine canadienne, prévue pour le troisième trimestre 2026, nécessitera également plus de temps. Ces retards pourraient repousser le volume de production significatif de plus d'un an. Les initiatives de fabrication de cathodes et de recyclage, prévues dans la première phase de 7 milliards de dollars canadiens au Québec, seront également reportées, car la société revoit ses ambitions.
Malgré ces retards, Northvolt reste engagé dans ses projets allemands et canadiens. Un porte-parole a déclaré que l'entreprise était en dialogue étroit avec les parties prenantes et qu'aucune décision définitive n'avait encore été prise.
Les répercussions politiques
Ces retards entraînent des critiques à l'encontre des gouvernements qui ont soutenu Northvolt, notamment pour ne pas avoir bien évalué les risques avant d'investir des milliards dans ces projets. Alors que les principaux actionnaires ont promis de soutenir Northvolt, la concurrence avec les acteurs chinois et coréens établis reste une lutte difficile. Sam Adham, responsable des matériaux de batteries chez CRU, a souligné que presque toutes les jeunes pousses européennes dans le domaine des batteries ont promis plus qu'elles ne pouvaient offrir, profitant de l'engouement, mais que l'Europe manque actuellement du savoir-faire technique nécessaire.
Les politiciens sur la défensive
Les politiciens qui ont soutenu Northvolt sont désormais sur la défensive. L'usine Northvolt Drei, située à Heide en Allemagne, symbolisait l'engagement de l'Allemagne dans la transition énergétique et dans la création d'une chaîne d'approvisionnement en batteries pour des constructeurs comme Volkswagen, le plus grand investisseur de Northvolt. Sa capacité de 60 gigawattheures devait produire des batteries pour alimenter jusqu'à un million de véhicules électriques par an.
Les gouvernements fédéral et régional ont engagé 902 millions d'euros pour ce projet, principalement sous forme de subventions. Le chancelier Olaf Scholz a assisté à la cérémonie de lancement des travaux en mars dernier, aux côtés du ministre de l'économie, Robert Habeck, originaire de la région. Cependant, la lenteur de l'avancement des travaux pourrait embarrasser le gouvernement allemand, déjà sous pression.
L'Allemagne et la Suède réagissent
Malgré ces retards, le soutien allemand au projet reste "inflexible" et les engagements financiers ne sont pas affectés par les problèmes rencontrés en Suède. Cependant, la Suède a récemment annoncé qu'elle ne fournirait pas de prêts d'urgence à Northvolt et qu'elle ne prendrait pas de participation dans l'entreprise. BMW, après avoir annulé une commande de batteries de 2 milliards d'euros plus tôt cette année, a également refusé de contribuer à son financement. Volkswagen a déclaré qu'il soutiendrait la montée en puissance industrielle de Northvolt, mais sans donner de détails.
L'engagement du Canada
Les responsables canadiens ont promis jusqu'à 7,3 milliards de dollars canadiens en prêts, prises de participation et subventions pour Northvolt. Une partie de cet argent provient du gouvernement fédéral, mais les premiers versements ne seront effectués qu'une fois les dépenses auditées. Le Québec a déjà prêté plus d'un tiers de son engagement de 1,37 milliard de dollars canadiens pour le projet Northvolt Six près de Montréal.
Cependant, Northvolt est désormais au centre d'un débat politique au Canada, avec des inquiétudes croissantes concernant la perte potentielle des fonds publics. Cette crise de liquidité survient après une année de débats sur l'opportunité d'accorder à Northvolt une dérogation au processus d'évaluation environnementale pour accélérer la construction.
François-Philippe Champagne, ministre canadien de l'industrie, a récemment tenté de rassurer le public en affirmant que la rentabilité de Northvolt dépend du marché nord-américain et que l'usine québécoise est fondamentale pour son avenir.
Des défis financiers
Northvolt fait face à des défis financiers, en partie dus à son incapacité à accéder à au moins 1,5 milliard de dollars américains de prêts promis. De plus, certaines subventions gouvernementales sont liées à la réalisation de jalons de performance des usines, ce qui pourrait être un obstacle à l'obtention de liquidités.
L'entreprise a récemment annoncé des licenciements massifs et la réduction de plusieurs projets afin de se concentrer sur la production de batteries dans son usine principale en Suède, près du cercle polaire arctique. Malgré cela, Northvolt a réaffirmé son engagement envers sa coentreprise avec Volvo à Göteborg, où les travaux ont débuté en mars dernier.
Conclusion
Northvolt, malgré son engagement envers les projets de batteries en Allemagne, au Canada et en Suède, fait face à une crise de liquidités et à des retards importants. Cela place les politiciens qui ont soutenu ces initiatives dans une position délicate, alors que l'entreprise tente de stabiliser ses finances et de poursuivre sa concurrence avec des acteurs établis dans l'industrie des batteries pour véhicules électriques.
Avec des renseignements de Bloomberg et Automotive News
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