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Le propriétaire du resto Chez Bob à Delson range son tablier

le samedi 18 janvier 2020
Modifié à 14 h 15 min le 17 janvier 2020
Par Hélène Gingras

hgingras@gravitemedia.com

Une page d’histoire s’est tournée à Delson le 1er septembre, alors que le propriétaire du casse-croûte Chez Bob a pris sa retraite à l’âge de 79 ans après avoir passé la moitié de sa vie derrière ses fourneaux. Pourquoi vous arrêter maintenant? «Je commence à avoir mal au dos, raconte Robert Fosse sans détour. Sinon, j’aurais continué encore longtemps parce que j’aime ça. J’ai toujours aimé ça.» Il a passé les rênes à un client régulier, Daniel Caron, qui a rebaptisé et converti l’endroit en restaurant de déjeuner. «Il y en a qui ont trouvé ça dur, ajoute son épouse Nicole Fosse. Certains clients sont venus Chez Bob pendant 40 ans tous les jours. Ils venaient au resto à l’époque de leur adolescence et ils sont désormais grands-parents.» Le casse-croûte de 40 places était situé dans le petit centre commercial au coin du boulevard Georges-Gagné et de la montée des Bouleaux. C’était une véritable institution à Delson, ancrée dans les mœurs d’une clientèle fidèle – en majorité des hommes – qui se retrouvait pour déjeuner ou dîner. Le retrait du logo Pepsi et du mot casse-croûte sur la devanture ces dernières années n’empêchait pas les clients réguliers de revenir. «La première année, j’ouvrais jusqu’à 9h le soir, puis j’ai coupé à 4 heures, mais il y avait trop de staleux de café, alors j’ai décidé de fermer à 1h», dit M. Fosse en riant. Il comptait sur un employé, en plus de ses filles qui le remplaçaient ou qui l’aidaient en situation d’urgence. «L’été, on ne voulait pas répondre au téléphone quand on était à la maison parce que mon père appelait pour nous dire d’éplucher une chaudière de patates, se souvient Ann Fosse. On avait des ampoules et les ongles noirs». Club sandwich, hot-dogs, hamburgers et fish and chips; Chez Bob ne chômait pas à l’heure du dîner. M. Fosse affirme le chiffre d’affaires s’est maintenu au fil des ans malgré l’apparition de la compétition.
«Ça roulait pas mal parce qu’il n’y avait pas de restos à Delson en 1979.» -Robert Fosse, propriétaire du resto Chez Bob
  Ambiance familiale Non seulement le proprio était attaché à ses fourneaux, il aimait socialiser avec ses clients. Plusieurs sont d’ailleurs devenus des amis. Ce faisant, Chez Bob a aussi été le lieu de plusieurs réunions ou de fêtes après les heures de fermeture. «Il n’y avait pas de tables de restaurant traditionnelles, c’était des tables de cuisine qui nous avaient été données, dont une de 12 places. Ça faisait en sorte que les gens n’avaient pas le choix de s’asseoir ensemble et de jaser, analyse sa fille Nancy Fosse. Ça amenait de beaux échanges.» Et les clients se sentaient aussi chez eux. À preuve, les nombreuses photos d’eux après une chasse fructueuse ou du petit dernier de leur famille épinglées sur les deux tableaux aménagés près de la caisse. Le resto Chez Bob était aussi surnommé «le deuxième hôtel de ville de Delson» parce que les élus fréquentaient l’endroit et y prenaient parfois des décisions. «Georges Gagné (l’ancien maire) a longtemps été un client. Il venait prendre son café régulièrement», rapporte Mme Fosse. Christian Ouellette, l’actuel maire, y a aussi souvent mangé. Dans un hommage rendu par la Municipalité en novembre, il a reconnu que Chez Bob était un «lieu de rassemblement et de placotage par excellence, où chacun pouvait dire son opinion» et que  «M. Fosse savait quand il était temps de faire de la diversion pour s’assurer que les esprits ne s’enflamment pas trop.» Trois faits sur Robert Fosse
  • Il n’a jamais croqué dans un pogo ni goûté à la poutine de sa vie.
  • Il n’a jamais manqué une journée de travail, alors que Chez Bob était ouvert six jours sur sept. Parfois, Robert Fosse acceptait que sa fille Nancy prenne le relais le samedi pour qu’il puisse aller à son chalet.
  • Il n’a jamais pris plus de trois semaines de vacances par an, et ce, ces dernières années seulement.