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Le Marché des jardiniers souffle ses 50 bougies

le lundi 23 juillet 2018
Modifié à 9 h 28 min le 23 juillet 2018
Accompagnés du chant des oiseaux qui s’en donnent à cœur joie, la vingtaine de commerçants du Marché des jardiniers à La Prairie sont déjà à l’œuvre pour accueillir les clients en cette matinée de juin. Les sens sont fortement sollicités par les odeurs appétissantes des mets préparés qui côtoient les couleurs vives des fleurs, des fruits et légumes sur les étals. Depuis 1968, entre 10 000 et 15 000 visiteurs par semaine font leurs emplettes dans cet établissement situé en bordure du chemin de Saint-Jean. L’endroit est ouvert du 1er mai au 31 octobre. C’est au début des années 1960 que le conseil d'administration de l'Association des jardiniers maraîchers du Québec a voulu implanter sur la Rive-Sud de Montréal un marché de détail pour les producteurs agricoles de la région.
«Les marchands se connaissent tous entre eux. Ils représentent une force incroyable pour promouvoir les produits du Québec.» - Steven Bastien, directeur adjoint aux opérations des marchés de l’Association des producteurs maraîchers du Québec
«Vers 1963-1964, trois producteurs de la Montérégie Ouest de Montréal administrateurs de l’Association, soit Paul Boudrias, Honoré Daigneault et Moïse Riendeau, ont entamé des discussions avec la Société d'agriculture La Prairie pour la réalisation du projet», explique Steven Bastien, directeur adjoint aux opérations des marchés de l’Association des producteurs maraîchers du Québec. Cet organisme gère et possède le Marché des jardiniers de La Prairie. [caption id="attachment_978" align="alignleft" width="300"] À droite, Gisèle Dauphinais en compagnie de son beau-frère Daniel Perras, tous deux de Dauphinais et Perras. (Photo : David Penven)[/caption] Depuis le début Certains marchands y sont établis depuis l’ouverture des lieux. C’est le cas de l’entreprise Dauphinais et Perras. «Ce sont mes parents qui ont décidé de venir ici. Nous sommes à la 4e génération. J’avais 9 ans quand j’ai commencé. Ma mère ne me laissait pas trop seule parce que j’étais une fille», se souvient Gisèle Dauphinais-Boudrias. «Au début, poursuit la copropriétaire de cette entreprise familiale de Sherrington, on vendait uniquement des légumes du Québec. À l’automne, c’était la pomme. On était producteur de pommes à Hemmingford avec 2500 pommiers sur la terre. Après, les plants de tomates sont venus, puis les plants de concombres.» Elle se rappelle que durant les deux premières années d’ouverture du marché, il n’y avait pas de toit pour accueillir les producteurs. Ce que confirme M. Bastien. «C’est grâce à une subvention fédérale de 50 000$ qu’on a construit une première marquise. Ça a permis à une quinzaine de producteurs de s’installer sur le site avec leurs camions pour la vente des fleurs, fruits et légumes», mentionne-t-il. En 1994, une nouvelle installation similaire a permis d’accueillir de nouveaux commerçants avec une offre de produits agroalimentaires diversifiés dont une boulangerie et charcuterie. [caption id="attachment_979" align="aligncenter" width="300"] Cliché du Marché des jardiniers au début des années 1980. (Photo gracieuseté)[/caption] Kiwi et avenir Replongeant dans ses souvenirs, Gisèle Dauphinais-Boudrias se souvient de la venue de nouveaux produits qu’il a fallu faire découvrir à la clientèle. C’était le cas du kiwi, il y a 45 ans. «Quand le kiwi est arrivé de Nouvelle-Zélande, ce fruit était dispendieux. Il fallait le faire goûter aux clients pour le faire connaître», mentionne-t-elle. Quand on lui demande pourquoi sa famille a toujours conservé son emplacement au Marché, elle répond: «C’est notre chez-nous ici. Nous avons une clientèle fidèle depuis notre arrivée. Les clients viennent jaser avec nous. Puisque nous sommes producteurs, c’est facile de répondre à leurs besoins.»   Futur Au cours des prochaines années, il est prévu de reconstruire l’emplacement afin de le rendre conforme aux exigences du code du bâtiment. «Il faut refaire l’infrastructure au complet et revoir la logistique du stationnement. Les travaux se feront durant la période hivernale. On parle d’un investissement de plus de 1 M$», déclare Steven Bastien. «J’espère que le cachet du marché va demeurer. Le monde ne vient pas pour avoir une place commerciale, mais pour quelque chose de personnel», souhaite pour sa part Gisèle Dauphinais-Boudrias.   Un esprit de famille anime le Marché des jardiniers À plusieurs reprises, les commerçants du Marché des jardiniers rencontrés par Le Reflet ont souligné la convivialité qui les unit à leurs clients. «Ici, tout le monde m’appelle la Madame italienne même si je suis originaire du Salvador», raconte Gladis Thibert, gérante de la Charcuterie – Fromagerie Campagnard. Arrivée au Québec en 1970, Mme Thibert s’est installée au Marché en 1978. Quarante ans plus tard, elle est toujours animée par la même passion. [caption id="attachment_984" align="alignnone" width="300"] Gladis Thibert, gérante de la Charcuterie – Fromagerie Campagnard. (Photo : David Penven)[/caption] «J’adore l’ambiance du Marché. Ici, c’est familial. Nous avons les mêmes clients depuis le début. Ils ont vu grandir mes enfants, mes petits-enfants. Pareil pour moi. Je sers la 4e génération de clients», affirme la marchande. «Quand les clients viennent nous voir, poursuit-elle, c’est comme s’ils étaient en vacances. Ils ne viennent pas acheter tout de suite, mais jaser. Ils ne sont pas pressés, ils ont tout le temps pour poser des questions. Ils nous demandent ce qu’ils pourraient manger le soir.» Fière des produits qu’elle propose, Mme Thibert souligne que la trentaine de variétés d’olives farcies à la main contribuent à la réputation de son établissement. Sa fille, Marie-Soleil Thibert, a repris l’entreprise familiale.   Monsieur Tomate Lorsqu’on demande à François Martel, copropriétaire du commerce Johanne et Esthel fruits et légumes, ce qu’il propose à ses clients, il répond spontanément: «Ici, on vend du bonheur». Celui-ci qu’on surnomme M. Tomate en raison des 250 variétés de ce fruit qu’il propose souligne aussi la complicité qui se développe avec les gens. [caption id="attachment_985" align="alignright" width="300"] François Martel, alias M. Tomate, du marché Johanne et Esthel fruits et légumes. (Photo : David Penven)[/caption] «Des clients sont devenus des amis. On va souper chez eux»,dit-il. Même propos pour la copropriétaire Johanne Robert dont l’établissement est en affaires depuis 33 ans. «Les clients, c’est ma vie, confie-t-elle. Ça a évolué avec le temps, mais dans le bon sens. On connaît l’histoire personnelle de nos clients. On s’est fait des amis parmi eux. Les clients m’ont énormément apporté».   Trois fois par semaine Christine Marchand, de Saint-Jacques-le-Mineur, est une adepte du Marché des jardiniers, et ce, depuis une vingtaine d’années. «J’y vais pour l’ambiance et la fraîcheur des produits, mais surtout parce que c’est dehors.» «Je m’y rends facilement au moins trois fois par semaine. Je vais chercher des fraises au deux jours, dit-elle. La saison a vraiment débuté. Les produits du Québec commencent à arriver.»   Tournage L’émission Destination jardin avec Guillaume diffusée sur la chaîne CASA est tournée au Jardin de Louise du Marché des jardiniers et animée. Elle est animée par Guillaume Lambert.