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Le «Joyeux géant vert» de Bruce McLaren réapparaît après 57 ans d’absence

le jeudi 30 juin 2022
Modifié à
Par Luc Gagné

Certains passionnés de sport automobile la comparent au Saint Graal. La Cooper-Zerex-Oldsmobile 1964 serait la première automobile ayant arboré l’écusson de l’écurie de Bruce McLaren. Oubliée depuis plus d’un demi-siècle, elle est réapparue au grand jour en Angleterre, où elle sera la vedette d’une vente aux enchères organisée par Bonhams au circuit de Goodwood, le 17 septembre prochain.

Depuis la fin des années 1960, cette voiture mythique avait effectivement disparu. Elle a été retrouvée en pièces détachées, laissée à l’abandon dans un obscur entrepôt sud-américain. Après six semaines de voyage, elle s’est retrouvée en sol britannique pour une première apparition publique en cinq décennies.

Un géant vert

Surnommée « joyeux géant vert » à l’époque, elle a été montrée aux visiteurs du Festival de la vitesse de Goodwood, la semaine dernière, pour mousser la vente que prépare Bonhams à la veille de l’automne prochain.

En plus d’être considérée par les experts comme le point de départ de l’histoire de la marque McLaren, cette voiture a été associée à diverses personnalités du monde de la course dont, entre autres, trois géants : Bruce McLaren, naturellement, mais aussi Briggs Cunningham et Roger Penske, qui l’ont tous deux possédé successivement avant le célèbre pilote néo-zélandais.

C’est aussi une voiture qu’on a connue sous plusieurs formes. Car à l’origine, c’était une monoplace de Formule 1 : une Cooper à moteur Coventry Climax de 1,5 litre. Engagée par le millionnaire Briggs Cunningham dans le Grand Prix des États-Unis à Watkins Glen, en 1961, elle n’aura cependant pas complété l’épreuve, son pilote, Walt Hansgen, étant impliqué dans un accident.

Vendue à Penske

Cunningham vend alors la voiture au pilote américain Roger Penske pour 1 250 $. Aujourd’hui milliardaire, Penske dirige une importante multinationale portant son nom, mais à l’époque, il bâtissait sa réputation d’habile pilote en accumulant les victoires.

Avant-gardiste et ingénieux, il entreprend de réparer et de transformer la Cooper. Elle devient alors la Zerex Special, en référence à un commanditaire d’antigel. Penske conserve la position de conduite centrale, mais il réalise une nouvelle carrosserie, profilée et élégante, qui enveloppe les roues.

Au volant de sa Zerex, il remportera diverses courses importantes en Amérique, dont le Grand Prix du Los Angeles Times à Riverside Raceway, en 1962, de même qu’une épreuve à Laguna Seca et une autre à Puerto Rico.

Par la suite, à cause d’un changement de réglementation, Penske modifie la position de conduite pour la décaler. Puis, il vend la Zerex à un jeune pilote texan, John Mecom Jr., avec laquelle il gagne quelques courses aux États-Uni et remporte le trophée Guards à Brands Hatch en Angleterre, en 1963.

Dans l’oeil de McLaren

De son côté, Bruce McLaren suit la progression de cette voiture et les victoires qu’elle accumule. Il finit par en faire l’acquisition et, en 1964, elle devient la première voiture de sa propre écurie : le McLaren Motor Racing Team.

Animée par un 4-cylindres Coventry Climax de 2,7 litres similaire à celui qu’utilisait Penske, elle mène McLaren à la victoire à Aintree et à Silverstone. Puis, il la dote d’un V8 Oldsmobile de 3,5 litres modifié par Traco. Cette modification implique d’importantes modifications au châssis, si bien qu’au moment de le repeindre, pour faire le travail rapidement, on choisit la seule peinture qu’on peut trouver un dimanche en Angleterre : ce vert tant prisé des jardiniers d’alors, d’où le sobriquet « joyeux géant vert ».

De passage en Ontario

Désormais appelée Cooper-Zerex-Oldsmobile, cette voiture permet au pilote qu’on surnomme le « Kiwi » de remporter la victoire à plusieurs épreuves dont, entre autres, la Player’s 200 disputée à Mosport Park, en banlieue de Toronto. En 1964, après l’avoir munie d’une variante de 3,9 litres du V8 Oldsmobile, cette voiture lui procure à son tour le trophée Guards à Brands Hatch, comme Mecom un an plus tôt.

Cette année-là, McLaren pilote sa Cooper-Zerex-Oldsmobile une dernière fois à Goodwood. Lors de l’épreuve du RAC Tourist Trophy, il part en position de tête devant Jim Clark et Graham Hill, les pilotes de Lotus et de Ferrari. Il réalise le tour le plus rapide, mais un bris d'embrayage met fin à sa course.

En septembre 1964, la Cooper-Zerex-Oldsmobile est remplacée par la M1A, une monoplace conçue par McLaren, qui se défait de son géant vert. Il aura trois autres propriétaires avant de se retrouver en Amérique du Sud, entre les mains du père de l’actuel vendeur.

En prévision de sa vente, l’encanteur s’est abstenu d’attribuer une valeur à cette voiture, comme le fait d’ordinaire. Après tout, elle est en pièces détachées et la carrosserie est incomplète. Une éventuelle restauration de cette icône de l’histoire de McLaren représente donc un immense défi.

Photos : Bonhams

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