François Charron
Décrocher

Le boycott des compagnies américaines

le vendredi 14 février 2025
Modifié à 2 h 46 min le 14 février 2025
Par François Charron

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On assiste à un phénomène fascinant (et franchement divertissant) : le boycott des compagnies américaines pousse certains citoyens à délaisser leurs appareils technologiques au profit d’alternatives 100 % analogiques. Fini l’iPad et les applications dernier cri, bonjour les cahiers Canada, les lampes de poche et… un dictaphone à 600 $. Oui, oui, on parle bien de ces enregistreurs vocaux qu’on associait jadis aux journalistes old school et aux espions en mission secrète.

En pleine vague de rejet des géants du numérique, plusieurs ont décidé d’envoyer valser leurs appareils ultra-performants pour revenir à des outils plus simples, mais ô combien fonctionnels (et parfois un peu ridicules, avouons-le).

  • Besoin d’un mémo rapide ? Oubliez l’application Notes, un bon vieux cahier Canada fait très bien l’affaire. Bonus : pas besoin de mise à jour ni de batterie.
  • Faire des mesures précises ? L’application de mesure en réalité augmentée ? À la poubelle. À la place, un bon vieux tape à mesurer en métal. Pratique et surtout, zéro bug !
  • Besoin de lumière ? Une flashlight, pardi ! Parce qu’ouvrir son téléphone pour activer la lampe de poche, c’est soooo 2024.
  • Retrouver ses souvenirs ? Pourquoi s’embêter avec un cloud qui nous espionne quand on peut simplement aller fouiller dans les albums photos chez nos grands-parents ?

Les plus nostalgiques ont même opté pour un agenda papier, une calculatrice indépendante, et un calendrier mural. On n’a pas vu autant de paperasse depuis l’époque où on colligeait nos devoirs dans un duo-tang à spirale !

Il fallait bien une touche d’excès dans ce retour aux sources. Dépourvu d’application d’enregistrement vocal, notre révolutionnaire anti-tech a décidé d’investir dans un dictaphone à 600 $. Un appareil qui fait une seule chose : enregistrer du son. Pas de filtres audio, pas d’intégration au cloud. Juste du bon vieux magnétisme digitalisé. C’est cher payé pour une fonction que le moindre téléphone à 100 $ fait gratuitement, mais l’important, c’est d’être cohérent dans son boycott, n’est-ce pas ?

L’autre grande victime de cette purge numérique : les Swifties. En sacrifiant leurs abonnements aux plateformes de streaming américaines, ces fans de Taylor Swift se retrouvent à chercher des alternatives musicales locales. Résultat ? Plusieurs ont décidé d’élire Céline Dion comme leur artiste numéro un pour leur Spotify Wrapped 2025 (…enfin, pour ceux qui n’ont pas encore complètement renoncé à Spotify).

Et on ne va pas se mentir : Céline, c’est une icône. Son répertoire est intemporel, son talent indiscutable, et elle n’a pas besoin d’une douzaine de versions d’un même album pour se hisser au sommet des classements.

Dans la foulée, beaucoup de jeunes, élevés aux plateformes numériques, ont également décidé d’annuler leurs abonnements à Netflix, Spotify et compagnie. Fini les recommandations d’algorithmes et le contenu illimité. Place aux DVD loués, aux CD gravés et aux soirées entre amis à écouter de la musique sur une radio FM.

Le plus ironique dans tout ça ? D’ici quelques mois, il y a fort à parier que la plupart retourneront lentement mais sûrement vers leurs anciens réflexes technologiques. Parce que oui, on peut se moquer de la technologie autant qu’on veut, mais une calculatrice de poche ne remplacera jamais la simplicité d’une app sur un téléphone.

D’ici là, souhaitons bon courage aux convertis du mouvement « Zéro Silicon Valley ». Et si vous croisez quelqu’un avec un agenda papier, une flashlight et un dictaphone hors de prix, laissez-le savourer son illusion de liberté… avant qu’il ne craque et ne redescende l’application Notes en cachette.