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Le 2159: travailler en équipe pour affronter la vie

le mercredi 15 août 2018
Modifié à 15 h 58 min le 15 août 2018
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

De la vulnérabilité à l’autonomie. C’est le chemin que parcourent les jeunes qui franchissent la porte du 2159 et qui en ressortent armés d’un vaste coffre d’outils pour affronter la vie, qui ne leur a pas toujours fait de cadeau. Depuis trois ans, le 2159, chemin de Chambly à Longueuil œuvre à prévenir et contrer la délinquance, l’itinérance et l’exploitation sexuelle chez les jeunes de 18 à 25 ans. Volet jeunesse de l’organisme Action Nouvelle Vie, le 2159 offre de l’hébergement, de l’accompagnement et de l’intervention psychosociale. Il est né afin de combler un vide – tout particulièrement en matière d’hébergement – auprès des jeunes qui, à partir de 18 ans, se retrouvent sans ressources. «Un jeune de 17 ou 18 ans qui se retrouve sans logement, sans famille, devient très vulnérable. On les amène à l’autonomie, à devenir des citoyens engagés. Ils ont les ressources sociales nécessaires pour avancer dans la vie», avance la directrice générale Julie Denis. L’organisme soutient le jeune dans ses diverses démarches, comme pour se trouver un logement ou un travail, s’il doit aller à l’hôpital, à la cour, etc. Il apprend à gérer un budget, à faire la cuisine, a accès à des ateliers d’arts et autres. Ceux qui se tournent vers le 2159 sont souvent dans une situation de désespoir, émotionnellement fragiles. Un lien de confiance se crée avec les personnes ressources, qui ne sont pas la figure parentale. D’entreprendre toutes ces démarches demeure toujours le choix du jeune. «Certains ne se sentent pas prêt pour tout ça. S’ils veulent quitter, aller dans la rue, on accepte, même si c’est difficile car on sait que ça peut être très dangereux pour eux, admet Mme Denis. Mais ils savent que la porte est toujours ouverte, malgré tout.» Mais Julie Denis évoque surtout les nombreuses «belles réussites» de jeunes qui habitent dans leur logement et qui sont parvenus à trouver un travail, et ce, même si ça semblait impossible à leur arrivée. Le but n’est pas de les surprotéger, mais de les accompagner. «Ils vivent avec les conséquences de leur gaffes, font des essais-erreurs. Mais on est là dans ce cheminement, ils ne sont pas laissés à eux-mêmes.» Des enfants Des CLSC, centres jeunesses, hôpitaux et écoles d’un peu partout réfèrent des jeunes au 2159, qui ne s’adresse pas uniquement qu’à la clientèle de la Rive-Sud. Julie Denis estime qu’il est toujours mieux de référer un jeune avant qu’il ne connaisse la réalité de la rue à Montréal et reste ainsi loin «de la toxicomanie et de la prostitution dure de Saint-Catherine». À 18 ans, les jeunes qui entrent au 2159 sont encore des enfants, rappelle Julie Denis. «Une fille est venue nous voir; ses parents l’avait mise dehors le jour de ses 18 ans, relate-t-elle. Elle parlait encore à son toutou, elle avait des collants de pouliches. Imaginez dans la rue!» «Enfance particulière» L’envie d’aider son prochain ne date pas d’hier chez Julie Denis, qui œuvre dans le milieu social depuis plusieurs années. Celle qui dit avoir vécu une «enfance particulière» fréquentait une maison de jeunes de la Rive-Sud à son adolescence. Elle faisait de la danse et du hip hop. «On faisait des battles et j’ai connu un gars de gang – avec qui je suis mariée aujourd’hui. Je suis tombée enceinte à 15 ans. Ma vie était chamboulée. Mais quand je suis tombée enceinte, j’ai décidé d’aider. Ma mère était sur le C.A. d’Action Nouvelle Vie. J’ai pris ma vie en main, fait mes études…» Touchante mobilisation L’engouement créé autour du Bal 2159 ainsi que la mobilisation de la communauté d’affaires pour l’organisme est très touchant, aux yeux de Julie Denis. Encore à ses débuts, le 2159 a besoin de se faire connaître et, bien sûr, d’amasser des fonds. «C’est fou, au Québec, qu’il faille des sous pour nos jeunes qui ne vont pas bien ou qui sont délaissés. Alors qu’on donne pour aider d’autres pays, ici, la souffrance est énorme et on ne peut plus compter sur nos doigts les jeunes qui ont besoin d’aide.» L’organisme emploie quelques personnes à temps plein et temps partiel et compte sur une trentaine de bénévoles qui, entre autres, permettent d’assurer une surveillance 24h/24. «Quand les gens utilisent leurs talents, leurs dons, leur leadership pour nous aider… Toute cette mobilisation, c’est le plus beau cadeau qu’on puisse nous faire. Plein de portes s’ouvrent», se réjouit Julie Denis.