Portraits

L’ascension fulgurante des orthèses Turtlebrace

le vendredi 23 novembre 2018
Modifié à 6 h 56 min le 23 novembre 2018
Par Katherine Harvey-Pinard

kharvey-pinard@gravitemedia.com

Serge-Éric Blais a créé de toutes pièces les orthèses Turtlebrace, un produit qui a révolutionné le marché. Du jour au lendemain, des cliniciens à travers le monde se sont mis à se les arracher. Portrait d’une entreprise qui grandit à une vitesse fulgurante. Serge-Éric Blais est d’abord un clinicien spécialisé en recherche et développement en médecine sportive et traumatique. «Je suis un paresseux; je voulais créer quelque chose de plus efficace pour aider mes patients», explique-t-il. C’est de cette «paresse» qu’est née l’idée de créer des orthèses hybrides, c’est-à-dire qui jouent à la fois le rôle d’orthèse et de plâtre. «Nos produits ont été développés par un clinicien, pour un clinicien», note le détenteur d’une formation en design industriel à l’Université de Montréal. Viral du jour au lendemain En 2014, il a commencé à vendre ses produits en très petites quantités. Le Dr Pierre Marois, médecin du Centre de réadaptation Marie Enfant de Montréal, en commandait pour ses patients. Fasciné par le produit, le Dr Marois s’est mis à le mentionner dans ses conférences à l’international. «Notre produit est devenu viral du jour au lendemain et on s’est fait appeler par des médecins en France pour en distribuer chez eux», relate M. Blais, lui-même fasciné par l’ascension inopinée de son entreprise. En quelques mois, la demande est devenue hors de contrôle. Le fondateur a dû trouver un distributeur européen et trouver un moyen de produire en grande quantité, lui qui créait ses orthèses lui-même, dans son garage. Le produit a été officiellement lancé en juin 2017 et l’usine, située à Saint-Hyacinthe, ouverte en septembre 2017. Déjà, les orthèses Turtlebrace sont vendues en France, en Belgique, au Luxembourg et en Suisse, et le seront bientôt en Allemagne, en Afrique et aux États-Unis. Rien de moins. Efficaces et rapides Les orthèses Turtlebrace permettent de stabiliser un membre plus efficacement et plus rapidement qu’une orthèse traditionnelle ou un plâtre. «On fait chauffer la pièce pendant 3 minutes et elle devient excessivement malléable. On la met sur le segment, comme le poignet ou la cheville, par exemple, et elle durcit à l’intérieur de 3 à 5 minutes. Un plâtre prend une vingtaine de minutes; nous, on fait tout le travail en 50% de temps. Enlever un plâtre prend un bon 5 minutes; avec Turtlebrace, ça prend 30 secondes.» Les orthèses Turtlebrace peuvent aller dans l’eau, sont antibactériennes, radiotransparentes et compostables après utilisation. Mais par-dessus tout, elles sont moulables à répétition, c’est-à-dire qu’elles peuvent être réutilisées. Mais la raison pour laquelle le concept est devenu si viral, selon M. Blais, c’est que son entreprise est la seule à travers le monde à faire des chevillières avec ce principe. Les Turtlebrace bousculent les protocoles de traitement. «Ça, en soi, c’est une révolution parce qu’il y a des protocoles qui n’ont pas changé depuis des décennies», précise M. Blais. L’entreprise, qui compte actuellement quatre employés, est en pleine recherche d’un distributeur international.