Actualités

L’agriculture de proximité, une façon d’augmenter ses revenus

le jeudi 15 août 2019
Modifié à 11 h 31 min le 14 août 2019
Un texte de Martin Ménard - Collaboration spéciale de La Terre de chez nous La ferme Marc Leblanc vend ses petits fruits directement à des épiceries, en plus de tenir un kiosque mobile et un autre à la ferme. «Chaque année, c’est meilleur, mais là, on bat vraiment des records. Ça vend à la planche!» indique avec enthousiasme M. Leblanc. Cette mise en marché de proximité demande plus d’efforts. Sa conjointe Céline Harnois et lui transforment une partie de leur récolte en tartes et autres produits pour diversifier l’offre. Mais en fin de compte, l’entreprise dégage davantage de profits. «Si je vendais mes bleuets et mes framboises à un distributeur, il ne me resterait pas grand-chose», compare le producteur de Rawdon, dans Lanaudière. Le secrétaire de la Coopérative pour l’agriculture de proximité écologique (CAPÉ) Pascal Genest-Richard abonde dans le même sens. «On ne se le cachera pas, dans l’alimentaire, la plus grosse marge, ce n’est pas la production au champ, c’est la mise en marché. Quand l’agriculteur vend directement aux consommateurs, les sous restent dans ses poches.» Il soutient que le commerce de proximité prend de l’ampleur chaque année, à mesure que les gens s’éduquent sur des enjeux comme la qualité des aliments, l’environnement et l’occupation du territoire. La demande croissante des consommateurs pour les produits locaux a d’ailleurs entraîné une hausse du nombre de marchés publics, qui dépassent les 175 sites au Québec. Convaincu de l’importance de l’agriculture de proximité, le ministère de l’Agriculture du Québec (MAPAQ) a engraissé son programme de subvention, né en 2013 pour développer ce type de mise en marché. L’enveloppe budgétaire atteint maintenant 8 M$ pour la période s’étendant de 2018 à 2022. De plus, le MAPAQ met à la disposition des entreprises 17 conseillers spécifiquement formés pour accroître la mise en marché de proximité et l’agrotourisme. Loin d’être tout rose Le Marché de solidarité Rivière-du-Nord à Saint-Jérôme, un organisme spécialisé dans la vente de produits locaux, a fermé en 2018. Idem pour celui de Cowansville en 2019. «Il y a de plus en plus de concurrence dans ce domaine, et c’est du bénévolat. Ce n’est pas facile, mais nous, on réussit à tenir la tête hors de l’eau», indique Sylvie Gendron, du Marché de solidarité régionale de l’Estrie. Le producteur maraîcher François Handfield, de Mont-Tremblant, mentionne que les abonnements à ses paniers stagnent. «C’est difficile de maintenir les volumes de ventes. Je connais des fermes qui avaient prévu une certaine croissance et qui n’y arrivent pas. Ce n’est pas tout rose», partage-t-il. L’arrivée de plusieurs nouveaux propriétaires de petites fermes diversifiées contribue, selon lui, à saturer le marché. Se réinventer À la CAPÉ, Pascal Genest-Richard reconnaît que  la compétition est féroce; la croissance que devait connaître la formule des fermiers de famille est présentement absorbée par d’autres joueurs, comme les entreprises de revente sur Internet et les boîtes repas, indique-t-il. L’agriculteur rapporte que la CAPÉ met sur pied différents projets pilotes pour accroître la demande d’aliments locaux, dont l’un avec le Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine. Il n’écarte pas la possibilité de créer une offre commune entre fermiers pour faciliter l’entrée en épicerie.