Un texte de David Riendeau – Collaboration spéciale de La Terre de chez nous

Les changements d’habitudes de consommation durant le confinement amènent la Financière agricole du Canada à revoir à la baisse ses prévisions pour le secteur laitier. Les rendements moyens des exploitations laitières seront plus faibles en 2020 qu’en 2019.

Dans une mise à jour publiée le 21 juillet, la Financière estime que les revenus bruts du lait ont été de 79,07$/hl  pour la période de janvier à juin alors qu’en début d’année, elle prédisait des revenus de 80,80$/hl. Pour le second semestre, la Financière prévoit des revenus de 77,52$/hl pour un total de 78,30$/hl en 2020.

«Les rendements d’été pour les matières grasses butyriques [matières grasses du lait qui servent notamment à la fabrication de la crème et du beurre] et les protéines sont plus faibles, ce qui maintient les revenus moyens relativement bas pour le reste de l’année 2020. Nous nous attendons à ce que les revenus du lait se redressent, à partir de l’automne», prédit Sébastien Pouliot, économiste agricole principal à la Financière.  Si ce scénario se réalise, les revenus bruts des exploitations laitières diminueront de 1,3% en 2020 par rapport à l’année dernière.

Les coûts ont aussi diminué, notamment en raison de la baisse des taux d’intérêt et des prix de l’énergie. Les coûts totaux des exploitations laitières (81$/hl) seront donc inférieurs à ce qui a été prévu en début d’année (81,38$/hl), mais cette baisse sera proportionnellement moins importante que celle des revenus. Les rendements moyens des exploitations seront par conséquent moins élevés en 2020 qu’en 2019. L’année dernière, les revenus bruts s’élevaient à 79,11$/hl pour des coûts totaux de 81,04$/hl.

Changements d’habitude

Dans son analyse, la Financière précise que les revenus des producteurs laitiers ont augmenté selon les prévisions jusqu’à la mi-mars. La fermeture des restaurants, des hôtels et des écoles a, rappelons-le, entraîné une forte baisse dans la consommation de certains produits laitiers.

«Les services de restauration sont de grands consommateurs de crème et de fromage. Le panier de produits laitiers consommé à domicile diffère de celui consommé en dehors du domicile. Bien que la consommation de produits laitiers à domicile ait augmenté lorsque des mesures de confinement ont été mises en place, cela n’a pas suffi à combler le manque à gagner pour tous les produits laitiers», observe Sébastien Pouliot.

Le retour à la normale pour la consommation de produits laitiers dépend largement de la reprise économique mondiale et canadienne, soutient l’économiste.

«Les producteurs laitiers profitent des faibles taux d’intérêt actuels, des faibles prix de l’énergie et de la faiblesse du dollar canadien. Inversement, la baisse des revenus des consommateurs et les difficultés économiques dans les services de restauration entraînent une baisse de la demande de produits laitiers. Une forte reprise économique sera cruciale pour la croissance de l’industrie laitière.»