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La COVID-19 perturbera l'économie jusqu'au milieu de 2021

le vendredi 16 octobre 2020
Modifié à 10 h 36 min le 16 octobre 2020
Dans sa dernière Note de conjoncture canadienne, le Conference Board du Canada prévoit que, d’ici le milieu de l’année 2021, la reprise économique ralentira et risque même de se suspendre complètement. Bien que l’économie canadienne ait commencé à se relever ces derniers mois du plongeon qu’avaient entraîné les arrêts de production sous l’effet de la pandémie en mars et avril derniers, la reprise devrait s’essouffler au cours de l’automne et de l’hiver, car l’arrivée du temps froid, qui s’accompagne d’une augmentation du nombre de cas de COVID-19, est annonciatrice d’autres perturbations de l’activité économique, selon cet organisme de recherche indépendant. «L’économie a progressé, déclare Pedro Antunes, économiste en chef du Conference Board du Canada, mais nous prévoyons quand même que des fermetures localisées cumulées à un recul de l’activité des entreprises et des dépenses des ménages dans certains segments freineront la reprise au Canada jusqu’au milieu de l’année prochaine.» Impact important L’impact de la COVID-19 sur l’économie canadienne a été brutal et puissant. En avril, le produit intérieur brut (PIB) réel se situait à 82% de son niveau pré-COVID de février, trois millions de Canadiens étaient sans emploi et le nombre total d’heures travaillées avait chuté de manière stupéfiante de 28%. L’économie a amorcé son redressement en mai alors que le gouvernement commençait à lever les restrictions sanitaires. Statistique Canada estime qu’en juillet, l’activité économique avait atteint 94% des niveaux de février et qu’en août, 1,9 million de travailleurs avaient retrouvé leurs emplois. Cette reprise est positive, certes, mais il reste un énorme gouffre à combler avant que l’économie canadienne ne revienne à la normale. Bien que l’activité économique soit entièrement rétablie dans certains secteurs, beaucoup ne verront pas de retour à la normale tant qu’un vaccin ne sera pas disponible pour le grand public, au Canada et dans le monde entier. Certaines industries et entreprises au Canada pourraient ne jamais se rétablir complètement. L’industrie du transport aérien, par exemple, est paralysée et ne fonctionne plus qu’à 5% de ses niveaux normaux, tandis que les secteurs de l’hébergement, de la restauration et des boissons, du textile, de la fabrication, de l’impression et des films et enregistrements sonores restent durement touchés et sont confrontés à un avenir incertain. Les mesures sanitaires et les mesures de dépistage en place dans tout le pays devraient empêcher un autre arrêt complet de l’activité économique, mais des arrêts localisés et régionaux sont à prévoir dans les prochains mois. Ils auront inévitablement un impact négatif sur la reprise. Il faut aussi prendre en compte ce qui se passe au sud de la frontière. Aux États-Unis, la reprise dépendra de la capacité du Congrès et du président d’arriver à un accord sur la prise de mesures supplémentaires pour soutenir l’économie. Les exportations canadiennes vers les États-Unis se sont redressées, mais la suite des choses reposera sur les dépenses des ménages américains. Dans l’ensemble, le Conference Board du Canada prévoit que le PIB réel diminuera de 6,6 % en 2020. Bien qu’important, ce chiffre représente une amélioration par rapport aux prévisions de notre Note de conjoncture précédente qui annonçait une baisse de 8,2 % cette année. Des gains solides en 2021 et 2022 ne seront pas suffisants pour ramener l’économie canadienne à son plein potentiel. À moyen terme, les gouvernements provinciaux et fédéral auront du mal à maîtriser leurs dépenses, tandis que la hausse des taux d’intérêt freinera les gains dans les dépenses d’investissement des entreprises et les dépenses des ménages. Le taux de chômage au Canada ne devrait pas revenir aux niveaux préCOVID avant 2025. Le gouvernement du Canada a pris des mesures radicales pour atténuer les dommages économiques. Au total, les mesures de relance fédérales représenteront plus de 12 % du PIB en 2020. Toutefois, le gouvernement devra probablement mettre un terme à ses dépenses à court terme s’il veut garder le contrôle de ses déficits. Le Conference Board du Canada s’attend à ce que la croissance des dépenses de consommation fédérales ralentisse à un taux annuel moyen de 0,8 % entre 2021 et 2025. Par ailleurs, la Banque du Canada et la Réserve fédérale américaine ont réduit leurs taux d’intérêt de référence de 150 points de base au plus fort de la pandémie et les ont laissés inchangés depuis. La Banque du Canada a clairement indiqué que sa priorité immédiate est de fournir une stimulation monétaire suffisante pour soutenir la reprise économique du pays. Étant donné que l’économie reste fragile, la banque centrale a indiqué qu’elle maintiendrait de faibles taux un long moment pour éviter de faire dérailler la reprise économique du Canada. La Réserve fédérale américaine a livré un message similaire. Par conséquent, le Conference Board du Canada ne s’attend pas à ce que la Banque du Canada ou la Réserve fédérale américaine augmentent les taux d’intérêt avant au moins 2023. (Communiqué de presse)