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Industrie 4.0: le secteur manufacturier ne peut plus se permettre d’attendre

le mercredi 12 septembre 2018
Modifié à 5 h 42 min le 12 septembre 2018
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Depuis 2009, les investissements en technologie stagnent autour de 3 G$ dans le secteur manufacturier au Québec. Dans un rapport publié en juillet, la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) identifie les principaux freins à l’investissement et propose des pistes de solutions. Frein #1: l’humain Face aux enjeux de la pénurie de main-d’œuvre, l’intégration, la formation et le développement des compétences, il apparaît moins urgent de se consacrer à la numérisation. La FCCQ avise toutefois que «retarder la numérisation pourrait devenir un cercle vicieux qui se complexifiera avec le temps et mettra à risque la compétitivité des entreprises». «Le système d’éducation requiert une mise à jour pour répondre aux besoins actuels.» Solutions La créativité est la bienvenue pour trouver des moyens de formation et de requalification des employés, ce qui implique de bien connaître l’offre actuelle. La FCCQ suggère que le gouvernement reconnaisse la formation dispensée par un formateur interne, au moyen d’une attestation ou certification. La création d’un Régime volontaire d’épargne formation continue est une autre avenue à considérer. Frein #2: la culture d’innovation Dans une logique de vision à court terme, l’innovation est reléguée au second rang.  Il est plus tentant de rester dans «des paradigmes connus et confortables». La FCCQ répond que «le risque d’échec est inférieur au risque que nos entreprises soient marginalisées par la concurrence». Solutions Se servir des solutions numériques 4.0 pour valoriser le savoir-faire de l’entreprise. Les efforts de sensibilisation tels que la promotion du secteur manufacturier par Investissement Québec et le ministère de l’Économie, de la Science et de l’Innovation sont des initiatives applaudies par la Fédération. Le projet d’automatisation des processus est également un bon premier pas, qui entraînera des gains en productivité. Par ailleurs, les entrepreneurs gagneront à faire participer l’ensemble des employés à cette culture de l’innovation, qui doit aussi s’incarner à la tête de l’entreprise. Frein #3: données et création de valeur Risques liés à la confidentialité des données et crainte quant à leurs pertes contribuent aux hésitations des entrepreneurs à faire confiance à l’infonuagique. «Les entrepreneurs sous-estiment l’impact du 4.0, analyse la FCCQ, mais surestiment également la période de temps qui leur reste avant qu’ils soient eux aussi forcés d’utiliser l’infonuagique.» «La majeure partie des bénéfices [des données] provient de leur analyse, leur mise en relation et surtout leur exploitation», indique-t-on. Solutions L’éducation et la connaissance afin de démontrer l’utilité des données ainsi que les bénéfices à en tirer. Les manufacturiers qui entreprennent la récolte de données doivent également se munir des outils pour les analyser. «Les écosystèmes manufacturiers et des technologies de l’information et des communications pourraient partager des exemples de réussite de l’analyse et de l’utilisation des données», illustre la Fédération. La participation interservices au sein d’une même entreprises sera également profitable. Frein #4: complexité technique Les entrepreneurs craignent qu’avec la technologie vienne une perte de contrôle sur les procédés de fabrication. Un projet pilote qui n’aurait pas entraîné les succès escomptés peut rendre rébarbatif tout élan vers le 4.0. De plus, certains manufacturiers croient – à tort, précise la FCCQ – que l’Industrie 4.0 n’est que passager. L’avènement du numérique étant nouveau, les partenaires et fournisseurs pourraient aussi se retrouver en «décalage». Solutions Afin de réduire la perception de risque, la FCCQ insiste sur l’importance de faire connaître des exemples de réussites d’innovation, tout particulièrement des projets de petite envergure, afin que les PME s’y identifient. On rappelle l’accompagnement qu’offre des acteurs comme le CRIQ, ainsi que les bénéfices de la collaboration entre les entreprises. Frein #5: finances 4.0 Les investissements initiaux considérables entraînent souvent des attentes surréalistes quant aux résultats d’une transition vers le numérique. «Un projet numérique tend à accroître la compétitivité de l’entreprise et à transformer son modèle d’affaires, des impacts plus difficilement quantifiables», avise la FCCQ. Le 4.0 doit susciter une adaptation des modèles d’affaires et une revue du modèle administratif. Solutions La FCCQ y va d’une suggestion aux institutions financières, appelées à considérer les actifs numériques au même titre que l’équipement. L’instauration d’un crédit d’impôt à l’innovation et l’instauration d’un programme de matching fund gouvernemental pour les investissements en innovation sont d’autres pistes de solutions.