Fermeture de la clinique de massothérapie Massage Addict à Brossard : des employés attendent d’être payés
Quatre victimes ont manifesté leur colère et leur mécontentement au Courrier du Sud, à la suite de la fermeture définitive de la Clinique de massothérapie Massage Addict à Brossard survenue le 1er novembre.
La bannière Massage Addict, qui offre de la massothérapie, des soins chiropratiques, de l’acupuncture et de la réflexologie, opère plus de 115 cliniques à travers le Canada.
Neuf plaintes individuelles ont été déposées auprès de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité au travail (CNESST) pour vol de salaires à l’endroit de la propriétaire franchisée Mahaya Boicel et dont le Journal a obtenu copie.
Les employés de la clinique sont affligés et n’arrivent pas à rebondir depuis cette nouvelle. Certaines victimes ont témoigné au journal. Selon elles, la facture serait d’environ 15 000$ en salaires et pourboires impayés.
«J’étais là quand elle avait besoin de quelqu’un. Lorsque nous avons eu la nouvelle que ça allait fermer, sans aucun avertissement, soudainement, c’était vraiment un choc! C’est malheureux parce que nous étions comme une famille chez Massage Addict», confie une employée qui y a travaillé pendant six ans.
«Ce qui était une nouveauté, c’est quand elle a commencé à payer les pourboires en argent, raconte un autre employé. On se faisait toujours payer nos pourboires sur nos talons de paye. Au mois d’octobre, pendant deux semaines, j’avais effectué 32 massages au total et j’ai seulement reçu 260$ de pourboires, ce que je trouvais un peu étrange, parce que la moyenne, c’était 10$ par client. Je suis allé vérifier mes pourboires avec les deux employées au service clientèle et après vérification, il manquait effectivement 60$ dans le système.»
Selon une troisième source, Mme Boicel a indiqué aux employés qu’elle avait fait faillite et «qu’elle travaillait avec le syndic pour essayer de nous payer, mais elle n’a pas fait faillite. Elle dit qu’elle va recevoir une lettre, on n’a rien reçu. Les employés ont souvent écrit, mais sans réponse. La réponse, c’est toujours, "moi je ne sais pas", puis finalement, rien. Elle a arrêté de répondre.»
Selon le Registre des entreprises, la Clinique Massage Addict de Brossard est toujours en vigueur et appartient à Mme Boicel. Aucune référence à une faillite n’est mentionnée.
Des employés rencontrés soulèvent également des inquiétudes quant aux documents personnels des clients laissés dans la clinique.
Ceux-ci ont communiqué avec la bannière Massage Addict pour être payés. Une série de courriels datant de quelques jours après la fermeture et que Le Courrier du Sud a consultés indique que l’entreprise s’est entretenue avec la propriétaire afin qu’elle paie. Ce qui n’a toujours pas été fait au moment de publier, le 17 décembre. La bannière se dit «surprise» de cette fermeture qu’elle qualifie de «brutale».
Le Courrier du Sud a tenté de joindre Mme Boicel, sans succès.
Le Journal a également écrit à Massage Addict, dont le siège social est situé à Terre-Neuve et n’a pas eu de réponse, hormis un accusé de réception.
Ce que la CNESST peut faire
Questionnée par le Journal, la CNESST étudie les plaintes reçues. Si celles-ci sont recevables, la Commission contactera les administrateurs et leur demandera de verser le montant dû.
S’ils refusent de payer, une personne mandatée par la CNESST fera enquête.
Dans le cas où une plainte est jugée recevable, la CNESST fera tout pour retracer la propriétaire, même si elle est difficilement joignable.
«Des recherches seront effectuées pour vérifier si l’employeur exploite l’entreprise à une autre adresse, ou s’il y a eu aliénation de ses actifs à un nouveau propriétaire qui poursuivrait les mêmes activités, auquel cas la nouvelle entreprise deviendrait responsable des sommes dues aux travailleurs, a fait savoir la CNESST au Courrier du Sud. Le cas échéant, des procédures judiciaires pourraient être entamées pour recouvrer les sommes dues.»
La CNESST tiendra compte des informations et documents fournis par les travailleurs et pourra effectuer des démarches auprès du syndic de faillite afin de recueillir les informations dont celui-ci dispose, ajoute-t-elle en spécifiant qu’elle «prendra tous les moyens légaux à sa disposition afin de recouvrer les sommes dues».
Tel que le stipule la procédure en cas de plainte visant un employeur en faillite, les employés se sont tournés vers le Programme de protection des salariés du Canada. Ce dernier leur a confirmé par courriel ne pas avoir reçu de déclaration de faillite pour cette entreprise.
Selon la Commission, si le Programme de protection des salariés du Canada ne permet pas de récupérer toutes les sommes, la CNESST pourra, à certaines conditions, poursuivre les administrateurs. Notamment, la nature juridique de l’entreprise doit donner ouverture à une poursuite et les administrateurs ne doivent pas avoir fait faillite eux-mêmes.