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Fermeture de Dare : des propos du maire Pierre Brodeur remis en question

le vendredi 03 septembre 2021
Modifié à 8 h 40 min le 03 septembre 2021
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Une centaine d’employés seront licenciés au début octobre. (Photo: Le Courrier du Sud - Archives)

Le portrait qu’a dressé le maire de Saint-Lambert de l’attitude de Dare auprès de ses employés depuis l’annonce de la fermeture de l’usine en 2019 compte peu de points communs avec la version des faits du syndicat. Et contrairement à ce qu’a affirmé Pierre Brodeur, les employés n’auraient reçu aucune offre de relocalisation à l’usine de Saint-Martine.

«En aucun temps, on nous a offert d’être relocalisés à Sainte-Martine ou même en Ontario», dénonce un employé, qui souhaite rester anonyme.

Il ignore si une telle offre aurait pu être faite aux employés non syndiqués, mais assure n’avoir eu vent d’aucune information à cet effet chez ses collègues syndiqués.

De son côté, les Aliments Dare précise que des conventions collectives distinctes ne permettent pas les transferts automatiques. «Nous espérons que les employés qui travaillent présentement à l’usine de Saint-Lambert postuleront à des postes dans d'autres usines, telles que Ste-Martine», affirme l'entreprise.

En entrevue au Courrier du Sud, le maire de Saint-Lambert avait précisé que Dare avait «offert aux employés de se relocaliser à une autre usine de Sainte-Martine et, éventuellement, en Ontario. Je tiens à les remercier de cette délicatesse.»

Par ailleurs, la lecture des propos du maire, qui voit de bonne augure la fermeture de l’usine afin de rendre résidentiel ce secteur de la ville et d’accueillir un projet immobilier, a profondément choqué l’employé.

«J’étais hors de moi de voir qu’il manquait de respect aux travailleurs de Dare qui perdent des emplois de longue date, témoigne l’employé. Il y a des gens avec 30 à 40 ans d’ancienneté. C’est facile de se trouver un autre emploi dans le contexte actuel, mais l’ancienneté, les avantages, notre qualité de vie et notre patrimoine, c’est ça qu’on perd.»

La fermeture de l’usine est connue depuis 2019, mais c’est tout récemment que les employés en ont appris la date, soit le 22 janvier prochain. Une centaine d’employés seront licenciés au début du mois d’octobre. L’usine compte encore environ 175 travailleurs en fonction.

«Aucune aide»

Sylvain Gagné, représentant du Syndicat international des travailleurs et travailleuses de la boulangerie, confiserie, tabac et meunerie (BCTM), déplore le peu qui a été fait par Dare pour soutenir ses employés.

«En 2019, je me suis rendu à l’usine et j’ai demandé deux choses : faire un comité de reclassement, c’est-à-dire un comité paritaire, pour aider à trouver une firme qui aiderait les travailleurs à trouver un emploi, faire un CV, etc., et qu’on négocie un protocole de fermeture. À ce jour, ces deux choses n’ont pas été faites.»

L’employeur a plutôt embauché une firme extérieure et c’est «le strict minium requis par la loi» qui est appliqué, affirme M. Gagné.

«On est à quelques semaines du premier licenciement de 100 personnes et aucune aide n’a été apportée.»
– Un employé de Dare

Le travailleur fait état du même coup du climat de travail qui «n’est pas très agréable». «Certains sont partis aussi parce qu’ils n’avaient pas espoir d’avoir grand-chose. Ils n’ont pas confiance en notre employeur.»

Selon le Syndicat, l’employeur octroie une prime de départ équivalant à une semaine de salaire par année d’ancienneté. Là où le bât blesse, c’est dans l’interprétation de ce que représente le salaire. M. Gagné estime qu’il devrait prendre en considération une prime de 2,67$/heure, associée au régime de retraite.

Or, toujours selon le Syndicat, les employés qui souhaitaient bénéficier de l’assurance collective pour les six prochains mois devaient renoncer à la prime.

«Notre prétention, c’est que ce 2,67$ doit être ajouté à la prime de séparation. Selon la convention collective, c’est clair que ça doit être ajouté», tranche M. Gagné, qui déplore que «la porte est complètement fermée pour négocier».
Il se désole également que la fermeture de l’usine se traduise, pour les employés retraités, par une baisse de leur prime. Selon le Syndicat, le fonds de pension serait «encore déficitaire à 40%».

«Il y a des couples retraités, les deux seront coupés… c’est quand même beaucoup d’argent», relève M. Gagné.

Conforme à la convention collective

Invitée à préciser la nature de l’aide fournie aux employés de leur usine de Saint-Lambert, Les Aliments Dare soutient qu'elle aide «ceux qui travaillent présentement à Saint-Lambert à trouver de nouveaux postes ailleurs dans le respect de la réglementation gouvernementale et des termes de la convention collective». Elle assure aussi respecter «les exigences de la législation en ce qui concerne l'aide à la transition».

L’entreprise indique par ailleurs que son implication dans le régime de retraite, conçu et administré par le Syndicat, est de cotiser les primes négociées.

L’employeur réitère que «toutes les avenues avaient été explorées» avant d’en venir à la décision, en 2019, de fermer l’usine.

Il évoque notamment la «concurrence internationale féroce» et que, malgré des investissements, l’usine fonctionne à pleine capacité et ne répond toujours pas à la demande. Le terrain enclavé empêchait de plus l’agrandissement des installations.

Malgré cette fermeture, tous les produits Dare actuellement préparés au pays le demeureront.

Les Aliments Dare précisent que les activités de l’usine de fabrication de Sainte-Martine ne seront pas affectées par cette fermeture.