Femme d'usine
Se tailler une place dans un milieu d’hommes aura nécessité une solide détermination et une force de caractère à toute épreuve pour Angela Béraldin, première femme à prendre sa retraite à l’usine CEZinc de Salaberry-de-Valleyfield. Portrait d’une battante, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes.
Angela pour certains, Angélina pour d’autres, a été embauchée en septembre 1998 à l’usine du boulevard Gérard-Cadieux. Alors âgée de 35 ans, elle avait auparavant occupé divers emplois, notamment comme mannequin professionnel.
« J’aspirais à quelque chose de mieux, j’avais besoin d’un travail avec de meilleures conditions, une plus grande sécurité », confie-t-elle, en évoquant le contexte difficile dans lequel ses parents d’origine italienne s’étaient établis au Québec.
Une femme parmi des hommes
Bien qu’aujourd’hui, les femmes occupent 16% de la main-d’œuvre chez CEZinc (l’entreprise emploie 94 femmes), Angela était le 2e seulement à occuper un emploi en production.
« J’ai eu le courage de postuler quand même, j’avais la confiance de pouvoir faire la job, que j’en étais capable », dit-elle. Car malgré son ton de voix doucereux, elle n’en détenait pas moins une certaine capacité physique, acquise de ses prouesses de jeunesse en athlétisme et en gymnastique.
Par contre, la présence d’une femme dans ce milieu d’hommes, même à l’aube des années 2000, s’est heurtée à une farouche résistance. « Ce n’était pas évident au début d’être acceptée dans le groupe. Certains hommes issus d’une autre génération n’étaient à l’aise à l’idée de travailler aux côtés d’une femme, rappelle-t-elle. J’ai vécu du rejet, on a fait preuve de mépris à mon endroit, mais j’ai résisté parce que je croyais en moi. »
D’une tâche à une autre
Au fil du temps, des quarts de travail, Angela s’est développée dans son travail d’usine en étant appelée à diverses tâches. Au volant d’un chariot élévateur ou d’une rétrocaveuse, du département du moulage à celui du grillage sous d’intenses températures.
Angela est la première employée de production féminine à atteindre l’âge de la retraite à l’usine CEZinc. (Photo Gracieuseté CEZinc)
« Au grillage, j’ai été responsable de quatre fours, dit-elle. J’ai appris beaucoup sur le procédé métallurgique, que ce soit sur la cuisson ou l’extraction du zinc, l’acide sulfurique. J’ai appris le processus de A à Z, ça m’a beaucoup impressionnée. »
Femme dévouée et dédiée entièrement à son travail, Angela se réjouit de voir que le nombre de femmes a connu une croissance dans l’usine. À titre de formatrice, elle en a d’ailleurs initié plusieurs aux rudiments du travail.
Sa carrière en usine chez CEZinc aura sans doute ouvert des portes à d’autres femmes. « Je laisse derrière moi des femmes, des mères courageuses, travaillantes et dévouées», conclut-elle.
(Photo Gracieuseté CEZinc)