Chroniqueurs
Le point de vue de René Vézina

Électricité : quand on se compare, on se console

le mercredi 19 octobre 2022
Modifié à 14 h 26 min le 13 octobre 2022
Par René Vézina

redactiongm@gravitemedia.com

René Vézina (Photo gracieuseté)

C’est l’automne, les feuilles tombent mais les prix, eux, montent.

Bilan après bilan, force est de constater que l’inflation ne dérougit pas. Cette poussée force la Banque du Canada à sortir la massue et à asséner des hausses de taux d’intérêt qui rendent le crédit plus coûteux. En principe, la consommation devrait alors ralentir, puis l’inflation finira par se stabiliser avant de redescendre.

En principe… c’est du moins ce que veut la théorie économique. Il faudra voir comment les choses vont évoluer.
Nous ne sommes pas les seuls à écoper, c’est la même situation un peu partout sur la planète. Mais il y a au moins une des composantes de l’inflation qui fait relativement moins mal ici: le prix de l’électricité.

Je voyais l’autre jour, à TV5, un reportage sur les factures d’électricité qui explosent en France. Un boucher, découragé, parlait de l’envolée des prix. L’an dernier, il payait 9 centimes le kilowatt/heure (kWh), soit environ 13 cents au taux de change actuel, contre 8 ou 9 cents chez nous. Mais il se voit aujourd’hui confronté à une hausse effarante: on lui facture maintenant 150 centimes le kWH, pas loin de 15$!

« Et je n’ai pas beaucoup de jeu, disait-il, dans une boucherie, une chambre froide ne peut pas devenir une chambre tiède, on ne peut pas réduire notre consommation… » Et de conclure que si ça continuait ainsi, il n’aurait d’autre choix que de fermer ses portes. 

Les entreprises, en France, sont particulièrement touchées. C’est moins éprouvant pour les citoyens d’autant que le gouvernement s’engage à limiter la hausse à 15 % pour 2023 (alors qu’elle pourrait atteindre 120 % !) En outre, il verse une allocation de 100 à 200 euros (140$ à 280$) aux ménages moins fortunés.

Ici? On se rappellera qu’à l’époque, le gouvernement Legault voulait aligner les hausses de tarifs d’électricité sur l’inflation. Mais avec le dernier relevé de Statistique Canada qui l’établit à 7%, le choc serait alors brutal. Dieu merci, Hydro-Québec s’est «contentée» d’une hausse de 2,6 % en avril dernier. L’augmentation sera probablement plus élevée en 2023, mais moindre que l’inflation elle-même.

Évidemment, les Européens sont les victimes collatérales de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, et de la décision des Russes de diminuer, voire d’annuler leurs livraisons de gaz naturel à travers l’Europe. Et non seulement les prix s’envolent-ils, y compris pour l’électricité, mais l’hiver risque d’être long alors qu’on se demande comment remplacer cette énergie manquante.

Au début des années 1960, des visionnaires ont entrepris de faire du Québec une puissance hydroélectrique en attribuant à Hydro-Québec le mandat de prendre à son compte l’essentiel de la production et de la distribution d’électricité, puis en développant de nouvelles centrales en misant sur notre grand potentiel hydraulique.  

Merci, Messieurs Lévesque, Bourassa et compagnie!