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Des agriculteurs en ont assez de la pression

le mercredi 10 avril 2024
Modifié à 13 h 42 min le 12 avril 2024
Par Yanick Michaud

ymichaud@gravitemedia.com

Des centaines d’agriculteurs de l’UPA de la Montérégie, dans leurs camionnettes, ou mieux encore, sur leurs tracteurs, se sont rendus manifester le mercredi 10 avril, là où il y a une génération encore, on cultivait la terre, et ce qui est maintenant le stationnement d’un immense centre commercial à Vaudreuil-Dorion.

Le message fort de ces agriculteurs qui «en ont plein leur casque» de la pression exercée par le gouvernement est qu’ils sentent la tension monter et qu'ils veulent de l’aide afin de produire de façon digne.

Depuis 2022, l’UPA répète que l’avenir des entreprises agricoles est plus fragilisé que jamais en raison de pressions économiques, territoriales, climatiques et environnementales inégalées. Ces appels ont mené à un nombre restreint d’ajustements aux programmes existants et à diverses mesures dites « d’urgence » qui n’ont pas su répondre à l’ampleur des attentes et des besoins des producteurs et productrices agricoles, ont clamé les manifestants. 

Rassemblement spectaculaire et inquiétant

« Il y a des gens de toute la Montérégie, nous avons doublé le nombre de tracteurs attendus et c’est spectaculaire, mais c’est aussi effrayant d’en être rendus là. Parce que le gouvernement ne nous reconnaît pas à notre juste valeur. Nous devons nourrir 8 millions de personnes au Québec avec des produits de qualité, mais le gouvernement nous a éclipsé de son budget. Il nous a négligés pour ne pas dire, abandonnés. Les élus nous entendent, mais ils sont loin de nous comprendre », lance Ange-Marie Delforge, présidente du syndicat local de l’UPA de Vaudreuil-Soulanges qui n’a pu voir aucun député de Vaudreuil ou de Soulanges, ni des attachés politiques de Marilyn Picard ou de Marie-Claude Nichols, les élues de Soulanges et de Vaudreuil, respectivement.

Jérémie Letellier, le président de l’Union des producteurs agricoles (UPA) de la Montérégie, était également surpris de la puissance du message lancé. « Je pensais que vous seriez nombreux, mais j’avais sous-estimé la colère. Je vois votre engagement. Nous ne sommes pas une priorité pour les gouvernements et ça n’a aucun sens. Les milliards pleuvent pour les batteries automobiles, alors que nous ne demandons même pas proche de ça. Il y a deux poids, deux mesures et malheureusement, nous ne sommes pas du bon côté de la balance. On veut être une priorité », explique celui qui demande une aide, entre autres, pour la relève qui était présente en grand nombre pour cette nouvelle manifestation en quelques jours dans la Montérégie, le garde-manger du Québec.

La semaine dernière, des centaines d’agriculteurs, de producteurs maraîchers et de jeunes de la relève se sont pointés à Saint-Jean-sur-Richelieu pour exprimer leurs doléances, notamment en matière de la trop grande paperasse à remplir. Ils seront à Saint-Hyacinthe, sur le site de l’exposition agricole, le 12 avril. Pour eux, si ça ne suffit pas, ils entendent se rendre à Québec, devant le Parlement pour parler directement aux politiciens.

Se faire respecter et se faire reconnaître

Outre Éric Duhaime, chef du Parti conservateur du Québec et Denis Coderre, qui tâte le terrain pour une éventuelle course à la chefferie du Parti libéral du Québec, aucun décideur n’a pu être rencontré sur place. 

Néanmoins, la députée de Salaberry-Suroît, Claude DeBellefeuille, qui soutient les agriculteurs du Québec, en particulier ceux de sa circonscription, a tenu à mentionner qu’elle offre son soutien total. « J’offre mon soutien aux agriculteurs et aux agricultrices qui lancent aujourd’hui un cri du cœur. Les dernières années n’ont pas été faciles et on doit tous faire partie de la solution pour soutenir le monde agricole. Le budget fédéral s’en vient : voilà une occasion de solidifier le modèle agricole québécois. Les membres de mon bureau et moi-même sommes toujours disponibles pour répondre aux questions ou aux besoins de nos agriculteurs et agricultrices. Je pense à vous et je suis avec vous. »