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Consommation de viande en baisse au Canada: il faudra s'y faire

le lundi 14 janvier 2019
Modifié à 6 h 23 min le 14 janvier 2019
Un texte de Julie Mercier - Collaboration spéciale de La Terre de chez nous Plutôt que de se battre contre la diminution de consommation de viande, les producteurs de bœufs doivent se coller à cette tendance lourde, estime Sylvain Charlebois, professeur de l’Université Dalhousie. À l’heure actuelle, plus de 6,4 millions de Canadiens restreignent leur consommation de viande ou l’arrêtent complètement. «C’est deux fois la population de Montréal», illustre le professeur. Selon un sondage mené auprès de plus de 1000 Canadiens, 32,2% d’entre eux pensent à réduire leur consommation de viande au cours des six prochains mois. C’est énorme, dit-il. Selon lui, plusieurs engraisseurs croient que les gens augmenteront de nouveau leurs achats de bœuf. «Les consommateurs ne reviendront pas. Ils sont partis», lance le chercheur. Le nouveau Guide alimentaire canadien encouragera les gens à privilégier la diète à base de protéines végétales, a par ailleurs rappelé le professeur en distribution et en politiques agroalimentaires. Dans ce contexte, comment positionner le bœuf? «Adoptez l’ennemi, les solutions de rechange, propose M. Charlebois. Faire un pain de viande avec du bœuf et des lentilles, pourquoi pas? Au lieu de dire “Tout ou rien”, apprivoisez l’ennemi. Acceptez le fait de faire partie d’un portfolio plus large de protéines.» Lors d’une récente tournée dans l’ouest du pays, au cours de laquelle il a rencontré plus de 2000 éleveurs bovins, l'auteur a constaté que «c’est le déni total» par rapport à la diminution de la consommation. «Je ne suis pas positif pour l’Ouest. Il y a un peu d’arrogance de la part des producteurs», ajoute-t-il. Blockchain Sylvain Charlebois salue le projet Bœuf Québec, mis de l’avant par la SPEQ. «L’initiative a beaucoup de mérite, mais c’est une marque fragile qu’il faut que tout le monde protège. Peu importe que Bœuf Québec soit là ou non, le client recherche de la fraîcheur et de la qualité. Il faut livrer la marchandise», rappelle M. Charlebois. Bœuf Québec mise d’ailleurs sur un projet-pilote de traçabilité par chaîne de blocs pour bien asseoir sa crédibilité. Ce dernier est en attente de financement. «La blockchain peut vous outiller pour protéger la qualité jusqu’au détail. Si vous réussissez à la mettre en place à la ferme, vous allez être les premiers», précise M. Charlebois. Le professeur illustre ce que représente ce concept en prenant l’exemple d’un aréna. «Les gens sont assis dans les estrades et regardent la glace où se trouvent les données. Tout le monde voit les données, mais personne ne peut y toucher, à cause de la bande. C’est une question de contrôle et de transparence.»   BILAN BOEUF QUÉBEC Depuis mars 2017, la Société des parcs d’engraissement du Québec commercialise son bœuf sous la marque du même nom. Impossible pour l’instant de connaître le nombre d’animaux mis en marché chaque semaine pour des raisons stratégiques entre les abattoirs, explique le directeur général de Bœuf Québec, Jean-Sébastien Gascon. Récemment, l’initiative a reçu la confirmation du soutien financier du ministère de l’Agriculture du Québec afin d’embaucher deux personnes pour la gestion de la qualité et le développement de produits. La marque a fait son entrée chez IGA en août, un «point tournant pour la visibilité du produit». «On apprend à être patients. On a montré qu’on est capables de livrer semaine après semaine», insiste M. Gascon. Le produit a toutefois été retiré du menu de La Cage brasserie sportive. «Le projet Bœuf Québec évolue. On s’enfarge, on trouve des solutions. Cet été, on a eu des problèmes d’approvisionnement. L’important, c’est de se relever», affirme pour sa part Patrick Pinard, des Boucheries Clément Jacques, l’un des détaillants du Bœuf Québec. «On privilégie la mise en place d’une stratégie à long terme d’équilibrage de carcasses et la normalisation de la qualité des produits avant de gonfler le volume. Tant qu’on n’a pas l’assurance de ces deux repères, il n’y aura pas d’accélération de la production», conclut Jean-Sébastien Gascon.

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