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Commerces sur Saint-Charles : deux fermetures et du nouveau

le jeudi 17 avril 2025
Modifié à 9 h 25 min le 18 avril 2025
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Le Kuto a fermé ses portes ce printemps. (Photo : Le Courrier du Sud – Ali Dostie)

En quelques semaines à peine, deux restaurants de la rue Saint-Charles à Longueuil ont fermé leur porte : le comptoir de tartares Kuto, et Tok Tok qui offrait queues de castor et bouffe de rue coréenne. Les temps sont durs, mais n’ont pas découragé des entrepreneurs à se lancer. 

La succursale Tok tok arrivée sur la rue Saint-Charles en fin de pandémie est la seule de ses franchises à avoir pignon sur rue. Les quelques autres du Québec, dont à Repentigny et Saint-Hyacinthe, proposent la livraison et les commandes pour emporter, entre les murs des restaurants Pacini. 

«Nous avons mal évalué la connexion entre le produit et le marché. Il n’y avait pas une bonne adéquation. Ce n’était pas notre public cible et il n’y avait pas assez de monde», soulève le vice-président marketing et vice-président du bonheur chez Pacini Marc-André Rivard, pour justifier cette décision de mettre la clé sous la porte. 

Si la fréquentation a été bonne l’été dernier, c’est tombé au point mort en hiver. «On pensait que ça allait lever, mais non…» se désole M. Rivard. Avant la fermeture, il ne restait plus que cinq employés.

La formule Tok tok a bien fonctionné lorsqu’elle a été déployée en ligne pendant la pandémie. Le restaurant Pacini à Longueuil est quant à lui en croissance. 

Il n’a pas été possible d’obtenir de précisions sur la fermeture du Kuto.

À quelques pas de là, le restaurant Lou Nissart, rue Saint-Jean, demeure fermé depuis un incendie survenu en octobre. 

Juste à côté toutefois, ce qui était le Gousto Bistro est devenu le Sugo et a ouvert ses portes en février.  Christophe Audet, Anna-Julia Pinto et Simon-Pierre Gauthier, qui était de l’ancienne équipe, ont repris les rênes. 

Offrir la diversité

Depuis juillet 2024, un vent de nouveauté (et de chaleur) souffle sur la rue Saint-Charles avec l’arrivée de Sevenz, restaurant de gastronomie créole. 

Ce projet familial réunit le père (Philippe Didier André), la mère (Marjorie Théodore) et la fille (Marie Grace Philippe). Ils cherchaient une localisation sur la Rive-Sud qui offrirait une diversité que l’on retrouve actuellement plus à Montréal qu’à Longueuil.

Selon l’étude de marché qu’ils ont réalisée, le Vieux-Longueuil était mûr pour cette nouvelle proposition, plus «exotique, dans une ambiance loungy», illustre Marjorie Théodore, l’une des trois actionnaires (la maman).

Le Sevenz (Photo : gracieuseté)

Ils ont fait le choix de mettre en valeur la cuisine de sept pays ou régions créophones (Haïti, Guadeloupe, Martinique, Guyane, Louisiane, l’île Maurice et l’île de la Réunion), plutôt que de prioriser qu’une seule nation.

Non seulement des Longueuillois, mais aussi des résidents des Montréalais et Lavallois franchissent la porte du restaurant pour découvrir cette gastronomie. «On reçoit un bel accueil chaleureux, le capital de sympathie est bien fort», se réjouit Mme Théodore. 

Elle constate même que leur emplacement à l’angle du chemin de Chambly, à l’écart du cœur commercial de Saint-Charles, s’avère jusqu’à maintenant un avantage. D’abord, le restaurant compte un stationnement. Puis, elle croit que les gens sont prêts à faire un détour pour découvrir une offre différente.

Mais tout n’est pas rose, reconnait Mme Théodore, alors que le défi de se faire connaître s’ajoute à tous ceux que traverse actuellement la restauration. 

«Avec ce qui se passe aux États-Unis, on a des compagnies qui nous disent que certaines denrées seront plus chères. On reçoit des lettres d’avertissements», témoigne-t-elle. Sans repenser la carte en entier, des ajustements seront apportés et la mise en valeur des produits locaux sera renforcée.

Marjorie Théodore envisage le premier été «complet» du Sevenz avec enthousiasme. «Malgré les statistiques qui montrent plusieurs fermetures de restaurants, la passion de recevoir et de faire valoir la diversité est plus forte que le découragement !»

Connaître et faire connaître

Directrice générale de la société de développement commercial (SDC) Espace Saint-Charles, Viviane Caron constate que les commerçants de l’artère n’échappent pas au contexte économique actuel.

«C’est un peu généralisé, avec les nouvelles qui nous viennent du Sud. Avec l’incertitude, ce sont les commerces locaux les premiers à écoper», évoque-t-elle. 

La SDC œuvre à soutenir les commerçants de la rue Saint-Charles, notamment dans leur promotion, et à faire connaître l’ensemble de l’offre commerciale de l’artère. Mme Caron fait valoir que la diversité de l’offre est relativement peu connue, citant entre autres les bureaux et services que l’on retrouve au deuxième étage des bâtiments. 

Le site de la SDC compte la liste complète des établissements, incluant aussi quelques adresses en périphérie de Saint-Charles. 

Ils ont aussi publié sur le Web, les réseaux sociaux, et éventuellement un blogue, des portraits des entrepreneurs de la rue. D’autres suivront. «C’est un projet pour remettre l’humain de l’avant, montrer ceux qui sont là pour faire vivre la rue Saint-Charles, notre quartier et parler de leur histoire», soutient Mme Caron.

Même si des commerçants quittent et que des locaux se videront, Espace Saint-Charles n’en est pas à l’étape de recruter de nouveaux venus. Des études de marché sont en cours pour bien comprendre les besoins de la population et des commerçants.

«La pandémie a apporté des changements. Des travailleurs ont quitté les espaces de bureau, souligne-t-elle entre autres. On doit avoir une bonne réflexion avant faire du recrutement. C’est un travail à long terme.»