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Budget provincial : la CAQ tient ses principales promesses agricoles

le mercredi 27 mars 2019
Modifié à 9 h 58 min le 27 mars 2019

Un texte de Myriam Laplante El Haïli - Collaboration spéciale de La Terre de chez nous La Coalition avenir Québec (CAQ) promettait beaucoup aux producteurs en campagne électorale. Dans son premier budget dévoilé le 21 mars, le gouvernement annonce 50 M$ par année sur cinq ans pour stimuler les investissements agricoles et déplafonne le Programme de crédit de taxes foncières agricoles (PCTFA). Québec s’abstient toutefois d’accorder des montants à des groupes précis. En règle générale, la CAQ respecte un grand nombre d’engagements électoraux dans ce budget, notamment en éducation et en santé. L’augmentation globale des dépenses se chiffrera à 4,7 % en 2019-2020, et l’équilibre budgétaire sera maintenu. Du côté des investissements agricoles, Québec poursuit sur la lancée du gouvernement précédent en injectant 250 M$ pour les cinq prochaines années. C’est donc sur 445 M$ que les producteurs pourront compter pour améliorer leurs infrastructures sur sept ans. L’argent proviendra des excédents de La Financière agricole du Québec (FADQ) et la répartition des fonds sera annoncée ultérieurement par le ministre de l’Agriculture, André Lamontagne. En entrevue à La Terre, il a affirmé que ceux-ci seraient disponibles à partir du 1er avril. Cet exercice budgétaire ne règle pas la question des taxes foncières agricoles, mais en attendant une solution à long terme, Québec déplafonne le budget du PCTFA limité à 5 %, pour « que la part des taxes foncières payées par les producteurs pour les années 2019 et 2020 n’augmente pas »; une somme estimée de 25 à 30 M$. Cette mesure donnera le temps nécessaire au ministre pour réformer le Programme, bien que ses équipes, assure-t-il, soient déjà à pied d’œuvre dans ce dossier. Des annonces sont prévues en 2019, a-t-il indiqué. Pour le président de l’Union des producteurs agricoles (UPA), Marcel Groleau, l’aide à l’investissement est « une excellente nouvelle », mais il déplore l’absence de références au plan vert agricole qu’il défend, un ensemble de mesures de soutien pour la bonne gestion environnementale des entreprises. Rien aux groupes Aucune mesure n’a été annoncée pour des groupes spécifiques dans le budget : rien n’est prévu pour les serres ni la relève. Il n’y a rien non plus pour compenser la hausse du salaire minimum. Le budget du ministère de l’Agriculture se situe autour de 969 M$ cette année. Cela inclut celui de la FADQ, qui demeure pratiquement inchangé à 425 M$. À la lecture des documents remis aux journalistes, on peut toutefois constater qu’au cours du présent exercice qui se terminera le 31 mars, un surplus de 137,6 M$ sera dégagé par l’organisme, dont le cumul atteindra 781 M$. Forêt et changements climatiques Pour le secteur forestier, Québec bonifie trois programmes existants. D’abord, le secteur de la sylviculture recevra 75 M$ pour la plantation d’arbres, somme qui sera tirée à même le Fonds vert. Le budget ne précise cependant pas si ces montants seront investis en forêt privée ou publique. « Depuis longtemps, les producteurs forestiers savent qu’ils peuvent jouer un rôle dans la séquestration de carbone, pourvu que les politiques reconnaissent et soutiennent leur travail sylvicole », a indiqué, satisfait, le directeur général de la Fédération des producteurs forestiers du Québec, Marc-André Coté. Aussi, le Programme Innovation Bois recevra une somme additionnelle de 50 M$ sur cinq ans. Son enveloppe pour l’ensemble de la période passera ainsi à 95 M$. Finalement, le gouvernement prévoit un investissement de 30 M$ sur les deux prochaines années budgétaires pour le Programme de biomasse forestière résiduelle. Autres mesures annoncées Environnement L’environnement étant « un enjeu pour le développement économique du Québec », le gouvernement provincial veut s’attaquer aux délais de traitement des dossiers d’autorisation environnementale. Le ministère de l’Environnement disposera donc d’un budget supplémentaire de 19 M$ sur cinq ans pour des effectifs additionnels. Internet haute vitesse et réseau cellulaire Québec effectuera un investissement supplémentaire de 400 M$ dans la création du nouveau programme Québec haut débit pour accélérer le déploiement d’infrastructures numériques de qualité dans les secteurs mal desservis. La Fédération québécoise des municipalités aura d’ailleurs pour mandat de concevoir une cartographie précise des besoins en matière d’accès à une connexion Internet haut débit. Achat local Le budget 2019-2020 prévoit deux mesures pour favoriser l’achat local. La première vise à augmenter les achats d’aliments québécois dans les institutions publiques. Québec y injectera 10 M$ sur cinq ans. Le ministère de l’Agriculture aura d’ailleurs pour mandat de réaliser le portrait de la situation actuelle et d’établir une cible d’achat pour chaque institution au Québec. La seconde mesure verra à ce que le ministère du Tourisme dispose d’une nouvelle enveloppe de 4 M$ pour financer, en 2020 et 2021, des événements comme les foires gourmandes et les marchés de Noël. Québec poursuit ses investissements pour l’extension du réseau de distribution de gaz naturel, plus particulièrement dans la région de Montmagny. L’augmentation du nombre d’étudiants au Collège Macdonald amène Québec à accorder une somme additionnelle de 3,9 M$ sur cinq ans à l’institution pour le financement de son programme de gestion d’entreprises agricoles pour la clientèle anglophone. Les producteurs tireront également avantage de l’uniformisation graduelle des taxes scolaires dès le 1er juillet 2019. CE QU’ILS ONT DIT « J’ai entrepris des discussions avec mon collègue du ministère de l’Environnement. La philosophie derrière ce qui est proposé par l’UPA, [le plan vert], on y souscrit. Je fais des représentations pour faire changer certains paradigmes par rapport à l’environnement et à l’agriculture, [ainsi que pour voir] comment la société peut accompagner l’industrie pour diminuer, à terme, son empreinte environnementale. » – André Lamontagne, ministre de l’Agriculture « C’est un premier signal positif qui arrive à point nommé pour les éleveurs de porcs québécois. Nous réitérons que le secteur porcin a besoin rapidement de mesures ciblées [et qu’il] s’inscrit bien dans les objectifs identifiés dans le budget pour favoriser les investissements. » – David Duval, président des Éleveurs de porcs du Québec « Ce budget est décevant, mais il nous donne espoir. Les 50 M$ prévus pour soutenir les investissements auraient dû être complémentaires et non puisés à même les surplus de La Financière agricole du Québec. […] Les sommes pour limiter l’impact des taxes municipales, c’est bien, mais c’est un plaster. On aurait aimé un engagement du ministre à régler le problème à la base, car tout ça devient extrêmement pesant sur le budget du ministère de l’Agriculture. » – Christian Overbeek, président des Producteurs de grains du Québec